Train de nuit, train du désir (2)
Datte: 07/10/2019,
Catégories:
Erotique,
... Mais tu n’as rien eu pour toi ! Tu ne t’es même pas déshabillé. Tu n’es pas trop frustré ? — Pas du tout. Je suis très heureux de t’avoir donné du plaisir. Sincèrement. Cécile fait partie de celles dont la rencontre m’a éveillé à la relation féminine, dans sa dimension sexuelle certes, mais aussi dans la profondeur humaine de ce qu’il est possible de partager à deux. Avec elle, j’ai découvert ma préférence pour les femmes qui pleurent, malheureuses ou mal dans leur peau, voire carrément dépressives. Après elle, j’en ai connu d’autres, aussi fragiles qu’elle. Sur ce point, j’espère ne pas être mal compris et accusé de profiter cyniquement de la situation de quelqu’un qui souffre. Arrivées à un certain degré de mélancolie, elles ne sont plus capables de donner, sinon leur corps, mais d’une manière assez passive, d’où mon attrait pour le cunnilinctus. Par contre, elles ont un immense besoin de recevoir de la tendresse, dont je me suis découvert, au plus profond de moi-même, un trésor inépuisable à leur offrir, sans rien attendre en retour. Et pourtant, chaque main tenue, chaque étreinte, même éphémère, m’a prodigieusement enrichi de ce que je garde encore en moi et me donne une énergie mystérieuse. La sexualité possède un aspect mystique que les mots ne peuvent approcher que difficilement, même en ...
... poésie. Huit ans plus tard, très loin de l’appartement de ma mère où cette rencontre a eu lieu, j’ai par hasard croisé Cécile parmi la foule, dans la galerie marchande d’un centre commercial. Nos situations s’étaient inversées : elle était seule, car elle venait de divorcer, et j’étais accompagné de ma femme, et de ma fille dans une poussette. Elle n’avait pas changé : toujours ce joli visage triste et régulier, comme si les larmes, à force de couler, y avaient creusé leur sillon. Nous n’avons échangé que peu de mots, et seulement des banalités, mais ses yeux expressifs et brillants parlaient pour elle, et disaient qu’elle n’avait oublié aucun détail de cet après-midi-là. Moi non plus. Un jour de solitude et de puissant ennui J’ai croisé une femme au visage de larmes jozjggne Alors, utilisant la seule de mes armes Capable de franchir la digue de sa nuit, J’ai cueilli sur son corps le magnifique fruit Qu’elle gardait caché parmi ses divins charmes : Son orchidée sauvage, occulte comme carmes S’est dévoilé, puis le miracle s’est produit. Elle avait la beauté qui surprend et foudroie. J’ai connu ses parfums qui m’ont donné la joie Et dont je garde encore en moi le souvenir. Elle a laissé en moi une empreinte profonde, Cependant je n’ai pas voulu la retenir. Ainsi l’ange s’enfuit, la belle vagabonde !