1. Le voleur d'âmes


    Datte: 09/10/2019, Catégories: nonéro,

    ... je ne parle absolument pas d’une attirance physique ou émotionnelle. Je parle de… ce courant d’énergie qui nous traverse lorsque nous parlons ensemble. Ne le ressentez-vous pas ? Elle déglutit nerveusement. Elle ne savait que dire ni que faire. Peut-être avait-il raison, mais la chose était invérifiable, alors… – Je suis aussi gêné que vous de dire les choses franchement, continuait le géant qui lui faisait de l’ombre. Mais vous m’avez vous-même dit que ce n’était pas dans vos habitudes de perdre ainsi le contrôle de vous-même… – Oui… fit Liana. Oui, je vois, mais… ce n’est pas très… positif pour moi. Vous comprenez ? Je me sens attaquée en votre présence. Et c’est pour ça que je suis si… agressive. Alors je ne pense pas qu’une… collaboration soit envisageable. Si c’est de ce « courant » dont vous parlez, alors il est bien trop imprévisible et violent pour moi. Je préfère le silence aux cris, la paix à la confrontation. Il hocha la tête. Son visage était en contre-jour, et elle ne vit pas son expression. – Je comprends, Liana, dit-il d’une voix posée. Mais je ne crois pas que vous réfugier dans le silence soit la meilleure des choses à faire. Elle le fixa longuement. Ses traits étaient crispés. – Si nous travaillons sur mon projet, annonça-t-elle avec lenteur, je dis bien « si », je voudrais être dispensée de vous appeler « M. Tomaze ». Le protocole n’a jamais été mon fort et je déteste les titres révérencieux de ce genre. Il eut un haussement de sourcils surpris et la ...
    ... regarda sans faire un seul commentaire pendant de longues secondes. – Très bien, répondit-il alors, comme méfiant. Mais comment voulez-vous m’appeler ? Elle parut réfléchir un moment, puis un sourire malicieux éclaira son visage. Il remarqua intérieurement qu’elle était comme transformée par ce sourire, comme si elle en avait perdu l’habitude. – Boss ? suggéra-t-elle, se retenant de pouffer. Il baissa sur elle un regard dubitatif, mais resta silencieux, et ils se séparèrent peu après. Elle lui promit de passer à son bureau vers vingt heures pour lui apporter les illustrations restantes. Une fois seule dans le parc, Liana traîna un peu avant d’aller voir sa sœur, secrétaire à l’école de musique. Elle respira l’odeur piquante du sapin et du chêne, regarda son ombre s’allonger sur les gravillons de l’allée lorsqu’elle quitta le couvert des arbres ; malgré son déjeuner copieux, elle avait l’impression d’être très très légère dans l’espace. Ses pensées furent soudain troublées par des bruits dans le parc. Des enfants, touristes probablement, jouaient à s’attraper sous l’œil vigilant de leurs parents. Liana les regarda jouer un instant, avant de reporter son attention sur ce qui la préoccupait. L’ennui, c’est qu’elle ne savait pas exactement ce qui la préoccupait. Peut-être sa rencontre du jour avec M. Tomaze, ou bien l’idée d’avoir à passer toute une journée seule à se morfondre dans son abattement, ou encore son inquiétude quant au projet qu’elle avait mis en branle avec ses ...