Croisements
Datte: 22/09/2017,
Catégories:
f,
h,
fh,
sport,
amour,
photofilm,
Oral
préservati,
pénétratio,
amourpass,
... plages de silice sans fin, le soleil doux et pourtant chaud qui léchait sa peau avec tendresse, la marée taquine qui lui faisait parcourir des centaines de mètres pour toucher l’eau ou qui venait lécher sa serviette de plage. À quand remontaient ses dernières vacances d’étudiante, le volley avec sa troupe d’amis et des inconnus, réunis par la joie de la dépense ludique, la jouissance de faire un footing sur la plage, au petit matin en se faisant aussi légère qu’une plume, la bénédiction de l’eau fraîche après l’effort ? Depuis quand sa vie était-elle calculée à la seconde, y compris ses divagations ? Elle avait choisi sa vie, son engagement corps et âme à sa cause, son rêve. Tous les sacrifices n’en étaient pas, elle travaillait à son rêve. Et pour cela elle avait laissé des amis sur le bord de la route, séparation de destinées, il lui fallait la liberté de ne pas entendre« Tu travailles trop ». Paroles qui ne rimaient à rien sauf à la mettre en colère. Elle s’étira dans son fauteuil. Le temps de la frivolité estudiantine était bien loin déjà. Déléguée de classe, major de promo, étudiante acharnée, Marion avait souvent été prise en exemple par ses condisciples. Un humour féroce, une répartie à toute épreuve, alliés au tact et au charisme qu’elle possédait comme par miracle lui assuraient une certaine tranquillité. En cours, elle était loin des préoccupations des autres, elle ne vivait pas sur la même planète. Et derrière son sourire élégant, ses yeux baissés face aux ...
... compliments de ses professeurs, elle cachait son indifférence à tout cela. Marion était une rêveuse hypersensible, ce qu’elle avait vite appris à cacher. Ses parents l’avaient élevée en aiguisant son sens critique, en nourrissant son esprit librement, à son rythme. Voilà comment à 14 ans elle avait écumé la quasi-totalité de la bibliothèque parentale et avait pu en discuter avec eux. C’était sa chance et son malheur. Adolescente, elle avait découvert Camus et son Étranger, elle avait été choquée, bouleversée, glacée, pendant que ses camarades de classe parlaient garçons et maquillage. Quand elle fut convoquée à son entretien d’embauche, Marion se trouva face à un défi : enfin, son rêve était à portée de main. La joie. Et c’est la peur de faillir qui l’avait poussée à se dépasser. Puis la rage de devoir faire ses preuves avant d’atteindre le sommet, la rage de prouver qu’elle était faite pour cela. Et cette bataille durait depuis trois ans déjà. Jamais elle ne baissait les bras, jamais elle ne réfléchissait à l’échec. Elle y arriverait. C’était ce qui pourrait se passer ensuite qui lui donnait le vertige. Le rêve réalisé, où prendrait-elle la force de continuer sa vie ainsi ? Voilà plus de vingt ans qu’elle vivait avec cet idéal, qu’elle poursuivait cette quête, mais lorsque le Graal serait trouvé ? Marion rouvrit les yeux pour interrompre sa pensée qui glissait doucement vers l’angoisse. La buée sur les vitres était le signe d’un dimanche vraiment froid, trop pour aller courir, ce ...