1. Croisements


    Datte: 22/09/2017, Catégories: f, h, fh, sport, amour, photofilm, Oral préservati, pénétratio, amourpass,

    ... assise au bord de la falaise, face au vent, plongée dans ses pensées. Elle éprouvait un mélange de paix, de calme et de tristesse, comme si elle avait connu ce paysage en des temps plus favorables. Gamine, elle n’éprouvait que de l’émerveillement. Était-ce la perte de l’innocence enfantine, mais un jour elle s’était mise à cet endroit, jusqu’à la tombée de la nuit. Il lui manquait quelque chose. Et cette boule dans sa gorge qui refusait de partir. Elle avait eu envie de pleurer, de se jeter du pic, furieuse de ne pouvoir acquérir la force de cet assemblage de matière et de couleur. Comme tout était robuste ici ! Elle ne voulait pas être fragile comme le suggérait la nature. Marion voulait être comme elle. Adaptable, magnifique, toujours droite, qui ne pliait ni sous le vent ni sous le froid ou le soleil écrasant. Elle entendit les pas de Raphaël approchant derrière elle. Non qu’elle reconnut sa démarche, mais parce qu’il n’y avait pas foule de randonneurs par ce froid cinglant. Il s’assit à côté d’elle, sans un mot, posant son sac à côté du sien. Elle le laissa reprendre son souffle. Il leva les yeux et contempla la mer, l’aiguille de Sugiton, sur la droite le Torpilleur, toujours aussi impassible malgré les vagues et le soleil. Le contraste entre le bleu intense de la mer et la blancheur calcaire de la roche était tranchant. La garrigue semblait figée par le froid, ondulant à peine sous le vent, immobile et altière, résolue à l’ignorer, refusant en guise de protestation de ...
    ... libérer son parfum si riche. Révolte impressionnante de silence. Marion regardait les mains du sculpteur caresser la roche autour de lui. Ses longs doigts effleuraient avec grâce le calcaire, n’omettant de flatter aucun creux. Il passait ensuite de ces cavernes minuscules aux pics culminants à quelques centimètres de hauteur dans un ballet léger, presque aérien : du bout des doigts, il couvrait toutes les Calanques. Ses mains calleuses ne sentaient plus la morsure des arêtes de la pierre depuis bien longtemps. Il aurait voulu pouvoir sculpter à la main, sans l’intermédiaire des outils. Raphaël s’était essayé au modelage, mais la fadeur de la glaise lui était insupportable. Il préférait partir d’un matériau brut, dur, pour arriver à obtenir la joie d’un polissage parfait, comme s’il l’avait fait à force de caresses amoureuses. Il se leva et se plaça derrière Marion, pour l’enlacer, réchauffer ses mains avec les siennes. Il lui semblait qu’elles étaient toutes petites, qu’elles auraient pu se perdre entre ses doigts puissants. Il aimait ça. Elle se laissa aller, un peu plus détendue, à la chaleur de cette étreinte. Il rompit le silence : — Je suis né de la pierre. Quand j’étais petit, on est souvent venu ici avec mes parents. Ça m’a étonné que tu me donnes rendez-vous ici justement. Il fit une pause. — J’y suis revenu pendant longtemps, surtout après leur mort. Ils m’avaient dit que tout ça, c’était mes racines. J’avais du mal à comprendre. Je me voyais comme un bosquet de thym, ...
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