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Ce que je suis (2)
Datte: 21/05/2020, Catégories: Lesbienne
... de pierre menait à l’étage où deux chambres et une salle de bain remplaçaient les bureaux. L’endroit n’aurait présenté de valeur qu’aux amateurs de rustique sans l’immense jardin derrière une baie vitrée. Jordan écartelé entre le réfrigérateur et le four à micro-ondes dans le coin cuisine, Annabelle prit l’initiative de la musique comme une habituée des lieux. Je n’y avais prêté aucune attention, mais les regards entre eux devenaient appuyés au fil de la soirée. Une histoire d’amour ? Non, ils ne s’en cacheraient pas. Une relation basée sur le sexe ? Les imaginer en train de coucher ensemble me fit sourire. L’extinction soudaine des lumières provoqua la stupéfaction générale. Une panne d’électricité aurait ramené le silence, or les enceintes diffusaient encore des décibels en sourdine. Le lustre avait peut-être… La chansonnette « Joyeux anniversaire » reprise en chœur bouscula les hypothèses farfelues échafaudées par mon esprit. Jordan, avec l’aide de la lune qui contrariait l’obscurité par l’entremise de la baie vitrée ouverte, me tendit un petit gâteau surmonté d’une bougie, le tout posé sur une assiette. La lumière revint sitôt la flamme soufflée, je me retrouvai face à un croissant coupé en deux garni de crème dessert. L’attention de mon pote valait de l’or. J’allais lui demander un couteau pour la cérémonie officielle de la coupe du gâteau quand la voix profonde d’Aurélie mit un terme à la rêverie. « Il est des scènes dont un sculpteur ne saurait être témoin, qui reste ...
... l’apanage des poètes, car les lettres seules servent la justesse des émotions. Hélène et Amapola mêlèrent sueurs et larmes de plaisir en un corps-à-corps enivrant. Du sein rond à l’antre magnifique elles firent connaissance, par des doigts audacieux caressées et par des bouches gourmandes embrassées, sans plus penser, elles s’aimèrent jusqu’à l’épuisement. La jouissance des corps entraîna la paix des âmes révélées l’une à l’autre. Quand le matin les réveilla dans les bras tendrement enlacées, elles s’accordèrent un nouvel instant d’une douceur particulière, preuve de leur attachement mutuel. » La découverte de ce passage érotico-poétique dans le plus pur style des auteurs de la Grèce antique m’avait émue aussi à la découverte de l’ouvrage sélectionné l’année précédente au prix Femina. Le bouquin retourna bientôt dans le sac d’Aurélie. La courte lecture avait soulevé des intérêts, nul doute qu’Aurane Verdier venait de s’assurer quelques ventes supplémentaires. Maintenant, j’aurai voulu connaître le raison du choix de l’extrait ; la description d’une étreinte féminine, même de qualité, ne représentait pas le point culminant de l’histoire. Le regard de la copine sur moi entretint le mystère que je soulageai dans une bière blonde légère. La littérature cessa bientôt d’accaparer nos esprits, le taux de décibels grimpa dans la pièce, la baie vitrée ouverte devint le théâtre d’un incessant va-et-vient des fumeurs qui allaient assouvir leur vice en terrasse. La vibration dans la poche ...