Addicte (6)
Datte: 16/08/2020,
Catégories:
Lesbienne
... masque qu’elle se composait à volonté, une image déformée de la réalité ? Pas certain. Comme chez de nombreuses célébrités, la part d’ombre participait à sa mise en lumière. On penserait peut-être la même chose de moi dans quelques années. – Qu’est-ce qui te fait sourire, belle enfant ? s’amusa-t-elle complice en me poussant vers la chambre. Le Perrier te met à l’aise, on dirait. L’eau oui, mais le décor se chargea de me remettre à ma place de gamine ignorante de l’existence. Déjà époustouflée par le mauve dominant subtilement marié au brun des boiseries laquées, je restai interloquée face au grand lit semblable à celui des princesses de mon imaginaire. – Tu n’es pas habituée à ce monde, n’est-ce pas ? murmura l’accent slave tandis que des mains aériennes me débarrassaient de ma robe. – Oh non. On a l’habitude au lycée d’imaginer les bourgeois en bigots, intransigeants et obscurantistes, prisonniers de l’austérité. Mais les adolescents devraient dépasser un peu ces préjugés. – Entièrement d’accord, susurra Talya attendrie par mon ingénuité, le luxe peut être froid, ampoulé, ou harmonieux comme ici. Et cela ne s’adresse pas qu’au mobilier. L’ivresse dont je me sentais victime ne trouvait pas sa source dans l’alcool. – On peut en dire autant de certains comportements, continua-t-elle. L’homosexualité était un véritable luxe à l’époque des rois de France, seules les dames de la noblesse se permettaient de tels écarts dans l’intimité de leur boudoir ou dans les maisons closes, ...
... on les appelait des anandrynes. Leurs penchants tolérés à la cour étaient considérés comme méprisables par le peuple. – Tu en sais, des choses. Talya invisible dans mon dos dégrafa le soutien-gorge puis fit glisser le slip assorti le long de mes jambes. Mon cœur s’emballa dans une poitrine brusquement trop petite. Je me laissai manipuler par les doigts fins en miaulant. Pourtant le souffle resta calme dans ma nuque, presque rafraîchissant. – Tous les hommes à la cour, du plus jeune garçon au vieillard, accompagnaient le tsar à la guerre en Russie, et la superficie du territoire prolongeait d’autant leur absence. Alors les femmes, la tsarine en tête, prenaient du bon temps entre elles. On assista à de véritables orgies lesbiennes qui auraient fait rougir un César de la Rome antique. Je cherchai le regard de mon amie d’un coup de tête sur le côté, elle se déroba à la manière d’un chaton espiègle, décidée à jouer. – L’histoire de ces femmes me passionne, poursuivit-elle en me tenant gentiment par les épaules, presque pudique, comme pour me priver du plaisir de la voir, quelque soit l’époque ou la culture. Malheureusement, les historiens du passé étant tous des hommes, aucun ouvrage pertinent ne fait état de la volonté de ces dames. On explique toujours leurs mœurs par l’isolement, une consolation passagère due à l’absence des mâles. C’est un peu réducteur, tu ne crois pas ? Surprenante Talya, elle aurait été extraordinaire en professeur d’histoire, la Sappho des temps modernes, ...