Un conte de Noëlle
Datte: 13/10/2017,
Catégories:
fh,
ff,
fbi,
prost,
gros(ses),
amour,
Oral
conte,
mélo,
humour,
... V, il l’a mis lui-même dans ma boîte aux lettres. Qu’il ait mon adresse me plaît beaucoup moins. Il faut sans délai que j’en parle à Sandrine : — Mais, non, tu es folle ? C’est moi qui l’ai jetée dans ta boîte, en passant ce matin. Il m’a effectivement contactée, par mail, je lui ai donné des instructions pour pouvoir te faire passer ce mot sans qu’il puisse te localiser.— Mais qui c’est ce vieux schnock ? Je croyais être seule avec ma cliente et la bonne, vendredi soir !— Écoute, pour ce que j’en sais, c’est pas un vieux birbe, je me suis laissé dire qu’il est en troisième cycle de mathématiques à Grenoble, donc ça m’étonnerait qu’il ait plus de trente ans.— Mais tu as vu ce qu’il m’écrit ?— Non, je ne l’ai pas lu, c’était sous double enveloppe, mais j’imagine, il a plaidé sa cause avec des trémolos dans la voix…— Mais que veut-il exactement ?— Ben, ça me paraît clair : que tu l’appelles !— Mais pour lui dire quoi?— Mais j’en sais rien, moi ! Je me perds en conjectures ! J’ai des impressions, mais seulement des impressions, je ne veux pas t’influencer, appelle-le et tu verras bien, qu’est-ce que tu risques ? Elle n’a pas tort. Il répond presque aussitôt, comme s’il n’attendait que mon appel. Il a une voix très grave, bien timbrée, sauf que cette voix tremble. Il bute sur les mots comme s’il était au bord du bégaiement, bref tous les symptômes d’un hyper-timide. — Mademoiselle, ah, que je suis heureux de votre appel, je vous ai aperçue l’autre soir…— Où ça, vous m’avez ...
... aperçue ?— Et bien… euh… je vous ai vue passer dans le couloir…— Quel couloir ?— Chez ma tante Marie-Jeanne…— Vous étiez là ? Où ça ? Vous m’avez espionnée ?— Non, non, ne vous méprenez pas, j’étais dans ma chambre, mais vous avez vu dans quel état est ma tante, elle me demande de veiller sur elle, surtout quand elle attend la visite d’un inconnu… Sa voix tremble éperdument de peur que je ne le croie pas. J’ai l’intuition qu’il faut le rassurer pour mieux le connaître. Je risque, sans cela, qu’il finisse par se recroqueviller, tel l’escargot, et rompe le contact. Or, il a éveillé ma curiosité. Il reprend : — J’avais laissé ma porte à peine entr’ouverte, je vous ai vue passer et j’ai cru voir une fée !…— Monsieur !… Ne me prenez pas pour…— Je vous en prie, appelez-moi Gabriel !— Eh bien, Gabriel, de grâce, ne me prenez pas pour une conne !— Oh, Mademoiselle…— Noëlle !— Oh Noëlle… Il a dit cela dans un murmure, puis plus rien… Le silence… — Allô !— Oui, Noëlle, écoutez – il parle toujours très bas – il faut me croire…— Croire quoi , Gabriel, je veux bien vous croire mais de quoi parlez-vous ?— …— Allô !— J’aimerais vous rencontrer.— Je ne fais pas dans les garçons !— Que voulez-vous dire ? Je ne comprends pas. À mon tour d’être silencieuse… De longues secondes. Je m’efforce de réfléchir aussi vite que je peux mais j’ai une sensation de blocage de mes neurones. — Je vous rappelle.— Vous le promettez ? Il a presque crié. Nouvel appel vers Sandrine, à laquelle j’expose les nouvelles. — ...