1. L'histoire de Rebecca Reisenbach


    Datte: 22/02/2021, Catégories: fh, jeunes, hotel, entreseins, Oral nopéné, nostalgie, regrets,

    ... soir, dans une gare de la grande couronne aux abords mal éclairés, où attend dans sa vieille Citroën, fidèle et équanime, ma bienveillante Lydie. Nous remontons une avenue en pente, vers un quartier de pavillons de meulière et de crépi. Lydie habite un de ceux-là, seule depuis que sa mère est décédée, et que son père s’est lancé dans de mystérieux voyages longs de plusieurs semaines. On monte se coucher. On ne se dit pas grand-chose. On se déshabille l’un l’autre. Je caresse son corps parsemé de taches de rousseur, rebondi, et elle le mien, efflanqué, blafard. Elle écarte largement les jambes. Je la pénètre. Elle demande des va-et-vient rapides. Elle se titille. Loin de me dire que ma queue ne lui suffit pas, je suis encore plus excité par la vue de son bourgeon. Nos ébats durent. Puis on dort, jusque tard. Le samedi soir on sort. Quand on rentre au beau milieu de la nuit ou au petit matin, on monte tout de suite se coucher. Elle écarte généreusement les jambes. Je la pénètre. Cela dure. On s’endort serein. On profite, deux jours par semaine, d’une vie de jeune couple établi dans une banlieue tranquille. Comme cette parenthèse à Nancy, je ne la conçois pas faite pour durer. Le dimanche en fin d’après-midi, je repars. Gare de banlieue, gare Saint-Michel, gare de l’Est, des gares et des gares sans fin, comme Épernay, Vitry, Commercy, jusqu’à la Lorraine, et la tranchée entre de beaux immeubles de pierre qui mène à la gare de Nancy. Il existe un écrivain qui a publié un livre ...
    ... ne racontant que ce train. Quand j’arrive la nuit est tombée depuis longtemps. À l’hôtel, il paraît n’y avoir que moi pour demander mes clés à cette heure-là. Je monte me coucher. Je retrouve une chambre plongée dans une lumière faiblarde, un silence de mort, où m’attend un lit impeccablement fait. Il est froid à un point horripilant. Je ne m’explique pas aujourd’hui comment j’ai supporté une vie aussi ennuyeuse. Les semaines sont mornes, le travail insipide. La plupart du temps, je n’ai personne à qui parler. Après un dimanche comme celui-là, j’ai rappelé Brunehilde. Rendez-vous est pris rue des Maréchaux, où les restaurants moyens succèdent aux établissements ordinaires. Le téléphone sonne au bureau quelques heures auparavant. – Bonjour, je peux parler à M. Marten ? – Brunehilde ? C’est moi. Il n’y a que moi à ce numéro. Tu vas bien ? – Justement, je voulais t’en parler. Je ne suis pas très bien. Un peu fiévreuse. – C’est pas trop grave, j’espère ? Tu as besoin de quoi que ce soit ? – Non, non, ça va aller. – Repose-toi. On remet à plus tard. – Non, je voulais juste te prévenir, au cas où ça empirerait. Mais je veux te voir. Ce soir. – T’es sûre ? – Oui, je t’assure. J’ai besoin de me remonter le moral. J’entends encore la fermeté un peu affectée de sa voix. Quand je la retrouve, il y a de l’effort dans ses pas, quelque lassitude dans ses gestes, de la fatigue au fond de son regard. J’ai l’impression qu’elle a le souffle court, encore que je ne l’entende pas bien dans le ...
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