1. L'histoire de Rebecca Reisenbach


    Datte: 22/02/2021, Catégories: fh, jeunes, hotel, entreseins, Oral nopéné, nostalgie, regrets,

    ... salle de bains pour prendre possession de la douche. S’ensuivent un dialogue très conforme à la version que j’ai entendue, des larmes et une étreinte équivoque. Il y a dans cette chambre d’hôtel une autre scène où, durant une conversation graveleuse dans l’obscurité, Rebecca est persuadée qu’Armelle se donne du plaisir, sans pouvoir en être certaine. C’est une héroïne traversée de pulsions érotiques que l’on devine dues aux carences paternelles. Clarisse y mêle un peu de notre histoire sociale : ce père absent est un jeune centralien qui se bat pour moderniser la sidérurgie lorraine. Incompris dans sa propre caste, il claque la porte et quitte son foyer au cours des troubles de 1979. Sa mère, très perturbée par le divorce, finit aussi par abandonner l’éducation de sa fille. Devenue professeur d’allemand, Rebecca connaîtra le scandale d’une liaison avec un lycéen, le déshonneur, une nouvelle vie en Allemagne, la malchance d’être rattrapée là-bas par le scandale, et finalement un retour chez sa grand-mère, veuve dépeinte comme une sainte. Mes parents m’ont confirmé que Rebecca était effectivement revenue après le décès de son grand-père. Qui sait ce qui dans le reste du roman est vrai aussi. L’année ...
    ... où je me suis marié, Brunehilde a eu une fille. Elle a déménagé dans l’académie de Versailles et l’élève seule aujourd’hui. Je n’ai pas contacté Clarisse. Ma correspondance a été pillée, c’est vrai, sans que j’en conçoive d’amertume. Ne serait-ce pas vain, pour les quelques centaines d’exemplaires qu’écoulera cette obscure maison d’édition ? Je referme le livre et m’incline devant son raffinement. Pour moi, être publié n’est qu’un rêve que je caresse depuis trop longtemps. Clarisse y est parvenue avec une écriture acérée, un peu froide peut-être, sans tomber dans le cynisme. Il y a de belles et cruelles descriptions de Longwy agonisant. Les personnages sont plus vrais que nature, chacun avec ses lâchetés quotidiennes, ses petites et grandes compromissions, ses secrets inavouables. Comme tous ces hommes qui passent dans la vie de Rebecca, falots, indélicats, narcissiques. Le père de Clarisse, anticonformiste en société et tyran domestique. Thomas, boute-en-train angoissé par son inculture. Armelle, coquette et manipulatrice. Mme Reisenbach, écartelée entre sa culpabilité maternelle et sa misanthropie. Rebecca elle-même, sentimentale qui perd de longues années à aimer en silence le personnage de Samuel. 
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