L'histoire de Rebecca Reisenbach
Datte: 22/02/2021,
Catégories:
fh,
jeunes,
hotel,
entreseins,
Oral
nopéné,
nostalgie,
regrets,
... La plupart, on ne les obtient jamais, ou alors quand de guerre lasse on n’y aspire plus et on en cherche d’autres. J’imagine la joie que j’aurais ressentie, à dix-sept ans, d’apprendre qu’à vingt-cinq j’allais gagner ses faveurs. C’était plaisant tout à l’heure sur le canapé. Ce l’est moins maintenant que je pense à Lydie, allongé dans un lit où je ne voudrais pas qu’elle me voie. Il y a tout juste dix ans, m’aperçois-je, que je connais Brunehilde, fille de notaire, produit d’une lignée protestante du Pays-Haut, jeune femme brillante, badine et parfois mélancolique, amatrice d’étés sur la côte bretonne, de romans et de langues étrangères. Tout au long de ces années, Rome aura été le seul moment où je l’ai désirée plus que toute autre. Je ne crois pas l’avoir jamais aimée, simplement. Brunehilde ne m’a pas aimé non plus, ni au lycée, ni après. Quand le réveil sonne mes yeux s’ouvrent sur son dos nu. J’ai peu dormi. Je vais m’asseoir au pied du lit pour m’étirer. Elle me rejoint, la poitrine découverte. – Ça va ? – Moi oui. C’est plutôt à toi qu’il faudrait poser la question. – Je me porte comme un charme. Merci d’avoir veillé sur moi. Ma douche, je la prendrai à l’hôtel. Les jours suivants, il me trotte dans la tête un banal : — Il faut qu’on parle. Hélas, personne n’a écrit de Guide de conversation pour infidèles ayant succombé au béguin de leur jeunesse. Appeler est impensable. Mes jambes vacillent à l’idée de faire le chemin vers la rue de Cronstadt. Je doute de ...
... revoir son alignement de maisons basses. Un soir à l’hôtel, le téléphone sonne. – Bonsoir, monsieur, c’est la réception. – Bonsoir. – J’ai ici mademoiselle Wernert qui vous demande. Je voulais savoir si je dois lui dire de monter ou si vous préférez descendre. Se faire poser cette question, cela fait partie de mon idée du luxe. J’en suis gêné. Pour autant, il faut que je réponde. – Faites-la monter, s’il vous plaît. – Très bien. Je vous souhaite une bonne soirée, monsieur. Voilà une visite imprévue. Je fais les cent pas en regardant ce qu’il y aurait à ranger. Rien. Cela fait des semaines qu’on range ma chambre pour moi. Brunehilde signe une entrée des plus sobres, esquivant le dilemme entre la bise amicale et l’assaut de mes lèvres. Je lui en suis reconnaissante. – Florent… j’ai été sotte. Tu as forcément quelqu’un. – Ne dis pas ça. J’ai été bête aussi. – Pas tant que moi. N’en parlons plus. On va regarder la télé. Très habile. Elle a choisi son soir en fonction du film. Quand bien plus tard dans la soirée je propose de la reconduire chez elle, elle répond que c’est inutile. – J’insiste ! – Tu préfères pas me garder pour la nuit ? Et nous nous couchons chastement. Certains jours je ne suis plus tout à fait sûr de ce que j’ai vu cette nuit-là. Ce doit être le beau milieu de la nuit. Les fenêtres sont trop grandes pour que les rideaux bloquent toute la lumière de la place Thiers. Un frottement de draps m’a réveillé. Brunehilde, qui me tourne le dos, a l’air de se tortiller ...