1. Le ridodo


    Datte: 05/04/2021, Catégories: fh, hplusag, vacances, amour, cérébral, noculotte, Oral coupfoudr,

    ... d’Hugo. Le soir, nous nous retrouvions tous les trois, un court moment jusqu’au coucher d’Hugo. Ensuite, nous n’étions plus que deux… Dès la mi-décembre, après que j’ai débarqué avec armes et bagages, et mon adorable mouflet, Harold avait reconnu Hugo. Une chance finalement que l’autre nase ne l’ait jamais fait ! J’avais donc quitté Paris pour l’Alsace ! L’Alsace ! Autant dire la Sibérie à mes yeux, moi qui ne connaissais rien de ce paradis ! J’ai été gâtée d’ailleurs en débarquant en plein hiver : rien que la féerie du Marché de Noël, c’est déjà les portes du paradis. Et dès le printemps, j’ai compris tous les atouts, tous les trésors et l’extraordinaire qualité de vie de cette région bénie des dieux. Le jardin d’éden ! Un rêve… Un rêve absolu… jusqu’à l’automne… ********** Il fait grand soleil ce matin quand je quitte l’hôtel. L’alarme ceinture braille dans l’habitacle, dès les premiers tours de roue. C’est à cause du coffret, en bois de rose, sur le siège passager. Mais je ne vais quand même pas le mettre sur le tapis de sol ou dans le coffre ! Je boucle la ceinture passager, l’alarme se tait. Silence. J’atteins très vite l’autoroute. D’habitude, je peste contre ses saletés d’autoroutes suisses, limitées à 110 et toujours en travaux ! Mais pas ce matin. Je ne suis pas pressée. J’ai passé la Tesla en mode autonome. Je ne le fais jamais, mais aujourd’hui je ne suis pas sûre d’être suffisamment attentive pour conduire. Et ma vision est brouillée, par mes larmes. L’autoroute ...
    ... déroule son ruban d’asphalte, monotone, sans que je prête attention à la circulation. Encore moins au paysage. Je flotte, entre deux eaux. Pas les eaux chaudes d’un lagon paradisiaque, mais celles, sombres, noires, glacées d’un canal sinistre. Le ciel se couvre. Tesla me tire de mes pensées, travaux, ralentissements, je dois reprendre la main. Au sortir d’un tunnel, on n’avance plus, bouchon, on roule à touche-touche. On s’arrête. La pluie commence tomber, grosses gouttes grasses qui explosent sur mon capot. Sur mon capot, mais pas sur mon pare-brise ! Une pluie qui rince toutes les voitures devant moi, mais pas mon pare-brise ! Putain ! Le ridodo ! Le rideau d’eau ! Ce rideau d’eau qu’Harold avait traversé juste avant d’arriver à la crique, le Taxi Mauve, la parenthèse enchantée. Il m’avait raconté. Je regarde, hallucinée, ce rideau fluide ondulant sur mon capot, qui semble hésiter à m’engloutir. Je murmure : — Viens, tu peux avancer, tu peux fermer la parenthèse ! Hier matin, comme prévu, programmé depuis un an, Harold s’est endormi. — J’ai deux cancers, qui se tirent la bourre, il me reste un an à vivre, un an et demi grand max. Tu m’étonnes que j’aie pleuré, direct, ce matin-là sur le canapé ! Comme entrée en matière de son monologue, Harold pouvait difficilement trouver pire. Eh ben, si ! Il en a rajouté une couche, terrible, terrifiante : — J’ai eu soixante ans ce lundi 2 octobre, mais quoi qu’il arrive, je ne soufflerai pas d’autre bougie. Ces dernières semaines, j’ai ...