1. L'arroseuse arrosée


    Datte: 09/06/2021, Catégories: fh, extracon, Collègues / Travail vengeance, cérébral, photofilm, confession, humour, extraconj,

    ... une bonne heure, mais les images sont formelles : j’en veux et en redemande, dans toutes les positions ! Lorsque s’achève la séance, j’entends la voix lointaine de Mathieu m’affirmer sèchement : — Tu as dix minutes pour faire ta valise et disparaître de chez moi. Dans un état second, je réunis ce que j’ai de plus cher. Mathieu me pousse sur le palier, claque la porte. Je reste un long moment prostrée, incapable de réagir. Heureusement, aucun voisin ne se manifeste. Vers vingt-deux heures, j’appelle Daphnée et, entre deux sanglots, la supplie de venir me chercher. Après un moment d’incrédulité, elle réalise que ce n’est pas une comédie de ma part et vient à mon secours. Je lui tombe dans les bras ; elle m’emmène chez elle. Je croise Kévin, qui visiblement m’évite. Son copain a dû le mettre au courant. Mon amie m’installe avec deux somnifères dans la fameuse chambre rouge que je retrouve, seule cette fois. Le lendemain, sur les conseils de Daphnée, je me fais porter pâle au bureau. Je reste trois jours prostrée, ne sortant pratiquement pas de la chambre dont les murs me semblent se rappeler encore de mes langoureuses galipettes. Je reprends peu à peu ma vie professionnelle ; Mathieu refuse tout contact. Les serrures de mon ex-appartement ont été changées, et je ne peux y pénétrer. Daphnée intervient auprès de Kévin et, par son truchement, je reçois l’autorisation de venir un dimanche matin chercher mes effets qui y restent et un petit secrétaire offert par ma grand-mère ...
    ... auquel je suis très attachée. Il est environ neuf heures lorsque nous sonnons, Daphnée et moi, à la porte de mon ex-nid d’amour pour achever mon déménagement définitif. La porte s’ouvre, et je découvre avec ébahissement Estelle, à peine vêtue d’un petit déshabillé prune qui aurait été sexy si ce n’était pas elle qui le portait, sur le pas de la porte. Aussitôt, deux garnements, dont les serviettes nouées au cou témoignent par leurs nombreuses taches d’un petit déjeuner en cours, surgissent de la cuisine. Je suis abasourdie, incapable de répondre au bonjour plutôt distant formulé par Estelle. Que fait-elle dans cette tenue, à cette heure, avec ses deux garçons, dans ce qui fut chez moi ? Je suis incapable de me rendre à une trop claire évidence : elle a pris ma place auprès de Mathieu. — J’ai mis tes affaires au fond du couloir, grogne-t-elle, en retournant vers la cuisine. En effet, toutes mes affaires forment un tas hallucinant juste devant ce qui fut ma chambre. Nous enfournons les vêtements dans les valises que nous avons apportées. Je risque un coup d’œil par l’huis de la porte entrouverte. Mathieu dort, nu, surnotre lit, en diagonale comme à son habitude. Je distingue même son sexe qui dépasse de sa toison fournie ; il est velu comme un ours. Je détourne le regard, prise d’une rage froide, termine le remballage, prends le secrétaire qui trône dans le salon et vide les lieux, sans un mot pour cette traînée d’Estelle dont je réalise seulement maintenant la double personnalité. ...
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