L'arroseuse arrosée
Datte: 09/06/2021,
Catégories:
fh,
extracon,
Collègues / Travail
vengeance,
cérébral,
photofilm,
confession,
humour,
extraconj,
... Évidemment, nos morphologies sont si différentes que nous avons du mal à trouver maille qui m’aille. Seul un body noir, pour le moins extensible, arrive à me couvrir de manière adéquate, bien que saucissonnant mes rondeurs. J’emprunte aussi un sweat-shirt sans forme pour recouvrir mon buste. J’ai un look décalé, avec mon tailleur noir. Après un café avalé dans un silence étrange, je file avec Daphnée vers nos boss respectifs. La journée est une torture pour moi : j’ai l’impression que toute la boîte se rend compte de ma nuit d’avilie. Rentrée chez moi, je prétexte une forte migraine pour minimiser mes contacts avec Mathieu. Heureusement, il ne voit rien, planant sur le nuage de la victoire de son équipe fétiche. —ooOoo— À plusieurs reprises, dans la quinzaine qui suit, je reçois des SMS ou des appels enfiévrés de Lucien, auxquels je me garde bien de répondre. J’évite nos déjeuners habituels avec Daphnée, et tout contact avec Estelle. Je les aperçois parfois, ensemble, à la cantine ; elles doivent épiloguer sur ma conduite indigne ! Ce n’est que lorsque les séquelles sur ma peau ont disparu que j’accepte de faire à nouveau l’amour, sans plaisir, avec Mathieu. Mais une question me taraude : les photos prises par Daphnée lors de ma nuit d’orgie. Je me fais violence, et finis par renouer avec nos déjeuners communs. Je lui pose la question ; elle me répond avec naturel : — Mais, comme prévu, je les ai données à Estelle. J’insiste pour savoir si elle en a gardé un double ; elle ...
... m’affirme que non. Peu à peu, je retrouve ma sérénité, prête à classer l’affaire dans le dossier d’une folie passagère. L’oubli a des vertus certaines… Le train-train habituel reprend et nous évitons soigneusement, l’une et l’autre, d’aborder le sujet. Il resurgira d’une manière que jamais je n’aurais pu imaginer. —ooOoo— Un soir où je rentre, harassée par une journée particulièrement active, je trouve Mathieu qui m’attend avec une froideur inhabituelle et me lance, d’un ton sans réplique : — Élo, assieds-toi là ; j’ai quelque chose à te montrer. Il me pousse vers un fauteuil, branche son ordinateur, reste debout derrière moi, les doigts méchamment crochetés sur mes omoplates. Sidérée, j’obtempère. Apparaît sur l’écran un couple sur un lit ; l’homme est assis sur la fille, on ignore les visages. Mais je reconnais tout de suite les murs tapissés de tissu rouge et le couvre lit, de velours rouge aussi. Ce n’étaient donc pas deux ou trois photos, mais une vidéo ! L’homme est courbé vers sa partenaire ; on le sent aisément lui lutiner les seins. Un voile noir m’étreint, je cherche à me lever. Mathieu m’en empêche avec fermeté. L’homme se relève : mon visage apparaît ; je me laisse dévêtir avec concupiscence. Je distingue ma main, accrochée au pénis du gars, qui l’attire lubriquement vers ma félicité. J’éclate en larmes, demande pardon, supplie, rue, mais Mathieu me maintient sans broncher devant l’horrible écran. Je suis incapable de dire la durée de cette torture abjecte ; au moins ...