L'orgueil des damnées
Datte: 22/06/2021,
Catégories:
fh,
Oral
init,
fantastiqu,
... a donné aussi du fromage, une tranche de pain de mie et des pommes un peu gâtées, mais encore comestibles. Elle a tout dévoré très vite, comme un petit animal craintif. Elle était toujours dévêtue alors qu’il avait remis son pantalon. Tandis qu’elle prenait son repas, il contemplait la grâce du corps pâle et frêle qu’il venait d’étreindre. Elle se sentait troublée, mais elle s’est laissé examiner du regard sans protester, comme un modèle dénudé dans un atelier d’artiste offre innocemment sa beauté. — Merci. Tu n’aurais pas, aussi, des habits pour moi ?— Des vêtements de femme ? Où veux-tu que je trouve ça ? Comme tu vois, je vis seul. Et puis, c’est dimanche : je ne trouverai rien d’ouvert aujourd’hui. Tu n’as qu’à rester là. Je t’en achèterai demain. Il a eu la délicatesse de ne pas poser de question sur la provenance du pyjama, et comme elle était fatiguée, il lui a même prêté son lit, en prenant soin de changer les draps pour qu’elle y glisse son corps dénudé. Comme elle se sentait en sécurité, elle s’est pelotonnée puis a immédiatement sombré dans le sommeil. Le jour et la nuit, tout cela avait perdu sa signification. Laissant Charlotte seule endormie, blottie contre le mur, aux prises avec ses cauchemars, il a quitté silencieusement son appartement. Lorsqu’elle s’est réveillée, il était quatre heures de l’après-midi. Son esprit engourdi a demandé un peu de temps pour se remémorer sa rencontre et l’endroit où elle se trouvait. L’homme était toujours absent. Elle ne ...
... voulait pas qu’il la retrouve en rentrant, ni créer un lien avec lui. Elle ne voulait pas lui appartenir, et pour cela, il lui a fallu fuir, encore. Laissant le pyjama que tout en elle rejetait, comme un serpent qui mue abandonne sa vieille peau – elle l’aurait bien brûlé si elle avait mis la main sur des allumettes -, elle a quitté l’appartement, nue, fragile. Comme il était trop risqué d’aller ainsi en plein jour, elle s’est cachée dans le local des poubelles de l’immeuble pour attendre la nuit. Le gardien l’a vue, recroquevillée entre deux conteneurs à ordures, grelottant de froid. Mais habitué à croiser quotidiennement les misères humaines, il n’a rien dit. Dès la tombée de la nuit, sous la lueur des réverbères, elle s’est aventurée dans la rue, craintivement, bifurquant dès que possible vers les rues les moins éclairées, redoutant à tout moment de croiser une patrouille de police. Elle a fini par trouver un jardin dans lequel du linge séchait sur une corde. Facilement, après avoir escaladé la clôture, elle a volé une culotte, un corsage et un pantalon de femme qui lui allaient à peu près. La propriétaire croira à l’œuvre d’un pervers fétichiste. Ensuite, un peu rassurée par sa nouvelle tenue plus présentable, elle a marché le long d’un boulevard, en boitant à cause de sa blessure au pied, et s’est trouvé un banc pour s’endormir à nouveau, épuisée, pendant que les voitures défilaient devant elles, conduites par des gens indifférents. Les premières lueurs de l’aurore l’ont ...