L'orgueil des damnées
Datte: 22/06/2021,
Catégories:
fh,
Oral
init,
fantastiqu,
... réveillée. Le ciel était dégagé dans un froid vif. Charlotte restait trop peu vêtue pour la saison. Elle frissonnait à chaque fois qu’une rafale du vent glacé faisait tourbillonner des feuilles mortes autour d’elle, mais elle restait allongée sur le dos, immobile, pour contempler les changements progressifs de la couleur du ciel à mesure que le jour se levait. Peu à peu, le trafic a repris. La ronde continue des phares encerclait le mail sur lequel elle avait trouvé refuge. Parmi les piétons engoncés dans leur manteau, certains l’ont regardée en passant, sans oser s’attarder. Elle aurait aimé que quelqu’un la prenne tendrement dans ses bras, homme ou femme, peu lui importait : sentir la chaleur d’un corps humain, une respiration tiède sur sa peau. Elle se savait capable d’offrir la douceur de ses bras à quiconque aurait été doux avec elle. Mais comme personne ne s’est arrêté, elle s’est levée et a repris son errance à travers la ville en se disant qu’elle ferait bien d’éviter d’attirer l’attention. Elle a voulu se fondre dans la foule ensommeillée, celle des gens marchant le nez plongé dans leur téléphone pour les uns, dans leurs rêves d’une nuit finissante pour les autres. À une station, un tram dégueulait des centaines de personnes par ses multiples portes, toutes ouvertes en même temps, puis le dragon affamé en ingurgitait autant. Sur une impulsion, elle s’est glissée dans la rame juste avant que l’accès se referme. Les passagers debout formaient un bloc compact qui ...
... oscillait en phase dans les accélérations et les virages. Leur proximité était bienfaisante à sa peau glacée. Elle soudain a senti une main qui la pelotait en bas des reins, avant de se retourner et regarder droit dans les yeux celui qui la touchait. Le jeune homme était blême, sentant le regard de Charlotte le transpercer, sans peur, sans colère ni violence, mais dépourvu de douceur, pour dire un message muet : non, je ne veux pas. Lui aurait voulu être ailleurs, car personne encore ne l’avait regardée comme cela. Il était coutumier du geste, mais échaudé par cette expérience troublante, il s’est promis de ne plus recommencer son petit jeu des mains baladeuses. Il a bredouillé quelques mots pour tenter de s’excuser, puis il a aperçu des contrôleurs en uniforme et comme il n’était pas en règle, il s’est éclipsé. En se demandant où il avait pu disparaître, elle a saisi le danger qui la menaçait. Les agents de la société de transports ont rapidement repéré la jeune femme, devinant de loin qu’elle n’avait pas de titre de transport. Ils ont aussitôt couru pour l’arrêter et le bruit saccadé de leurs souliers lourds a fait se tourner les têtes et interrompu les conversations. Heureusement, elle avait quelques précieuses secondes d’avance. Souple et rapide, portée par la peur, elle est parvenue à fuir, survolant le macadam de ses pieds nus de gazelle à la course aussi fluide qu’un zéphyr. Elle a sauté par-dessus les barrières, les bancs et les bouches d’aération au souffle chaud ; on se ...