Tranche de vie - Histoires de Sexe

Tranche de vie

... mini. La pellicule complète. Peut-être plus si vous voulez.— Et vous me les montrez ce soir ?— Bien sûr, quand nous aurons fini les prises de vues, tout sera prêt pour le développement et le tirage.— Je suis à vous. Juste un interdit : je ne veux pas de photo quand je dors. Pour le reste, je vous laisse faire.— Allons-y. En définitive, je fis deux bobines. Un peu crispé au début, son sourire ; elle se détendit petit à petit. Les trois dernières prises étaient à mon sens parfaites. La nuit était tombée. Arthur était reparti par le balcon. Il devait avoir faim. Je la conduisis au labo, lui donnai une des blouses qui sont toujours pendues dans le sas et j’enfilai l’autre. — On ne sait jamais : les produits de développement tachent. Ce serait dommage. Elle ajusta autant qu’elle put le vêtement bien trop grand pour elle. — Je ressemble à Charlot comme ça !— Ou un Charlot de charme, alors. Je la prévins que toute une partie des opérations se passait dans le noir absolu, l’autre en lumière rouge. Elle savait. — Voulez-vous travailler un peu ?— Que dois-je faire ?— Je vais vous guider. Vous allez charger la cuve avec les films. Mettez ces gants. Une fois gantés tous les deux, je disposai le matériel et la fis s’installer devant. La lumière éteinte, je me plaçai à ses côtés et en la tenant par les mains je l’aidai à positionner le film sur son support. Bien entendu, elle était maladroite, et le premier film fut un peu long à charger. Mais elle comprenait vite. Pour le second, ce fut ...

... plus rapide. À plusieurs reprises mes bras frôlèrent ses seins ou nos têtes se touchèrent. Nous en avons ri de bon cœur. Une fois la cuve fermée, j’ai rétabli la lumière. — Nous allons être en plein jour pendant quelques minutes. Vous vous en êtes bien tirée pour une première fois.— Merci, mais vous êtes patient. Je lui ai alors expliqué les différentes phases : révélateur, rinçage, fixateur, et j’ai mis le matériel en marche. Quelques minutes plus tard, les deux bandes de films se balançaient côte à côte sur le fil au-dessus de l’évier. — Première étape terminée ; il faut maintenant faire sécher. Cela prendra environ une heure, puis nous tirerons une planche contact pour que vous puissiez choisir. En attendant, je vous propose de grignoter un peu : jambon, coquillettes au beurre, ça vous va ?— Bien sûr ! Nous avons retiré nos gants, les blouses, et nous sommes allés à la cuisine. Avant de sortir, j’ai mis les films dans le séchoir et lancé l’opération. — Jamais quelqu’un n’a fait de photos de moi comme ça. J’ai hâte de voir le résultat.— Moi aussi. Sortir le jambon du frigo. Coquillettes : faire bouillir de l’eau, y jeter les coquillettes, mettre la table, sortir une bouteille de vin, les préparatifs du repas s’enchaînaient sans heurts. Assise sur le bord de la table, elle me regardait faire. — Simplicité, efficacité, lâcha-t-elle au bout d’un moment.— Désolé, je n’ai pas de Margaux. Je n’ai rien prévu ; si j’avais su, j’aurais fait des courses. Vous aimez la salade ?— Sans ...