Tranche de vie - Histoires de Sexe

Tranche de vie

... J’en ai quelques autres. Je vais les chercher. Lorsque je reviens, elle est à nouveau en contemplation devant les lieux. Je lui montre ce que j’ai retenu de différentes séances avec d’anciennes et fugitives amies. En voyant certains nus ou instantanés de l’une ou l’autre pris après que nous ayons fait l’amour, elle a un regard amusé. — Vous ne me les auriez pas montrés si je ne vous avais pas demandé ?— Probablement pas.— Pourquoi, vous n’en êtes pas content ?— Si, mais…— Mais ?— Ce n’est pas quelque chose que l’on montre à n’importe qui, au premier venu. En le faisant, moi aussi je me mets à nu. Il y a dans ces photos beaucoup de ce que je suis. Elle me regarde de la tête aux pieds. Lentement. Comme pour un examen approfondi. — Pas mal ! Ce doit être pas mal. Moralement, bien sûr, dit-elle en riant. Quant au reste…— Oui ?— Non, rien.— Écoutez, je vais vous faire une proposition. Voulez-vous que je fasse votre portrait ? Comme ça vous pourrez juger de ce que je suis capable de faire puisque vous connaissez mieux que quiconque l’original.— Mon portrait ? Mais je n’ai rien d’extraordinaire !— Ceux que vous avez vus sont-ils ceux de gens extraordinaires ?— Non, certes, mais toutes ont quelque chose de particulier : le regard, le visage, le sourire…— Mais vous aussi. Laissez-moi faire, vous verrez. Elle reprend son verre, le vide d’une gorgée et reste silencieuse. — Cela me fait un peu peur. Vous allez me faire poser ?— Voilà ce que je vous propose : ce soir, demain, un autre ...

... jour, quand vous voulez, où vous voudrez, je prends mes photos, je vous montre comment je les développe, je tire les clichés qui vous plaisent et je vous donne tous les tirages et négatifs. Si rien ne vous plaît, vous détruisez le tout.— Pourquoi faites-vous ça ?— Pour mon plaisir, et pour le vôtre aussi j’espère. À nouveau elle reste silencieuse. Je remplis son verre et le mien. Elle lève les yeux vers moi, boit un peu, regarde Arthur qui dort allongé dans un des derniers rayons de soleil. Puis, se tourne à nouveau vers moi. — OK, mais maintenant. Après, je ne sais pas si j’aurai le courage (ou la folie ?) de dire oui.— Ça marche. Ne bougez pas, je reviens avec mon matériel. Je file jusqu’à mon coin photo et je me décide pour le Hasselblad et une pellicule noir et blanc. Je prends également mes deux flashs parapluie et reviens chargé comme un mulet dans la salle à manger. Avant de sortir du labo, je mets en chauffe la cuve de développement et les bains. Elle s’était levée et était sur le balcon, son verre à la main. Le soleil dans ses cheveux lui faisait comme une auréole de lumière. Avant qu’elle ait eu le temps de bouger j’avais pris deux clichés. — Non, je ne suis ni recoiffée ni maquillée. Ça ne compte pas.— Si, c’est comme ça que je vous veux. Naturelle. Sans artifice. Laissez-moi faire. Elle me fait face, 3/4 dos au soleil. Celui-ci dessine en transparence son sein gauche. Je refais un cliché. Puis elle rentre dans la pièce. — Combien allez-vous faire de photos ?— Douze, ...