En votre âme et conscience
Datte: 24/08/2021,
Catégories:
nonéro,
policier,
Je les attendais assis sur une chaise. Les mains pendantes et le regard dans le vague. Ils arrivèrent et firent les premières constatations. Elles ne furent pas longues à faire. Je pleurais. J’avais les mains pleines de sang. Deux corps étaient allongés, inertes, l’un dans la cuisine, l’autre dans le salon. Les corps de mes amis. Laurène et Damien. — Appelez une ambulance, elle est encore en vie ! Les cris du flic ne me firent même pas sortir de mon hébétude. Pendant qu’un médecin s’occupait de Laurène, d’autres policiers me menottaient sans ménagement. — Je l’ai tué, je l’ai tué, ne cessais-je de répéter.— C’est une enquête qui ne va pas nous prendre de temps. Un crâne fastoche. Il avoue déjà tout en bloc. Ils trouvèrent le sang de Laurène sur moi, ainsi que le sang de Damien. Mes mains portaient des écorchures. De ces écorchures sur les phalanges dues à des coups portés sur quelque chose, ou quelqu’un. Je ne me souvenais plus très bien. J’étais sonné, KO debout. J’avouai tout ce qu’ils me demandèrent d’avouer. Je me suis retrouvé en prison vite fait. On m’avait mis dans un coin avec des gros durs. Moi le calme. Je semblais anesthésié. Le fait que Damien fût flic lui aussi n’arrangeait pas mes affaires. De temps en temps on me sortait pour aller voir le juge d’instruction. On m’avait fourni un avocat commis d’office. Un gugusse qui n’en avait rien à foutre. Il s’en foutait même tellement qu’il avait refourgué l’affaire à une de ses jeunes collaboratrices. Une petite jeune ...
... femme brune toute timide. J’étais son premier cas. J’essuyais les plâtres, en somme. Noémie Brossard. Je savais ne pas être un cadeau pour elle. L’instruction ne traîna pas. Alors que le juge m’indiquait mon passage prochain aux Assises pour meurtre sur la personne de Damien et la tentative de meurtre sur la personne de Laurène, laquelle se trouvait toujours entre la vie et la mort, dans le coma, mon avocate émit un petit toussotement. Il la regarda, surpris. Il venait seulement de remarquer sa présence. Il l’avait toujours superbement ignorée depuis le début de l’instruction. — Monsieur le juge, j’ai une requête. Je voudrais que vous fassiez procéder à l’examen du portable de madame Laurène Dupuis ainsi que celui de mon client.— Pourquoi ? Cette affaire me semble limpide. Votre client fait des avances à madame Dupuis, elle le rejette, il perd son calme, frappe ; le mari intervient, il le tue lui aussi. Point. Votre client a tout avoué.— Si cette affaire vous semble si limpide, une simple vérification ne devrait pas vous ennuyer ? Elle lui disait cela avec un grand sourire innocent. Ce juge quinquagénaire bedonnant ne semblait pas insensible au charme de ma jeune avocate. Je la découvrais sous un jour nouveau. Sous son apparente timidité, elle cachait un caractère bien trempé. — Bien, cette vérification ne prendra que quelques jours, je peux bien vous l’octroyer. Elle ne changera pas la face de la justice. Les journaux s’en donnaient à cœur joie, presse à scandale ou classique. ...