En votre âme et conscience
Datte: 24/08/2021,
Catégories:
nonéro,
policier,
... jeune femme blonde vint à la barre. Peut-être vingt-cinq ans à tout casser. — Veuillez vous présenter.— Clotilde Sureaux. J’habite Lyon et je suis gardien de la paix. Elle avait un bel accent chantant. — Connaissez-vous Laurène Dupuis ?— Oui, je l’ai rencontrée plusieurs fois. La jeune femme semblait gênée de devoir s’expliquer devant les magistrats, et surtout de sentir dans son dos les regards de ses collègues. — Dans quelles circonstances l’avez-vous rencontrée ?— Elle était venue déposer une main courante au commissariat…— Oui ?— Son mari l’avait frappée.— Elle n’avait pas porté plainte ?— Son mari travaillait là. Il y avait des amis. Elle craignait que si elle portait plainte ça devienne pire. Elle craignait même pour sa vie.— Vous l’avez revue ?— Deux fois. Une fois en ville ; elle avait le bras en écharpe. La seconde fois c’était à l’hôpital, alors qu’elle était dans le coma.— Pourquoi n’en avoir rien dit ?— J’ai eu peur, et personne ne m’a rien demandé.— Merci, Madame.— Mademoiselle, je préfère. Sa dernière phrase détendit l’atmosphère. — Je vais demander à monsieur Lambert de venir à la barre. Je me retrouvais de nouveau au centre de l’arène, mais cette fois pas avec le même toréro. — Monsieur Lambert, étiez-vous l’amant de Laurène Dupuis ?— Non…— Vous hésitez ?— J’étais un peu amoureux d’elle.— Au point de vouloir la tuer car elle vous avait rejeté ?— Jamais de la vie. Je ne lui ai jamais dit, mais elle s’en doutait.— Amoureux… au point de la protéger ?— Oui.— ...
... Saviez-vous que son mari la battait depuis longtemps ?— Laurène m’en avait parlé un jour, mais Damien était mon ami. Je n’ai pas voulu l’admettre.— Monsieur Lambert, pourquoi n’avoir rien dit aux enquêteurs ?— Ils ne m’auraient pas cru.— Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les jurés, Monsieur l’avocat général, nous avons maintenant un tout autre point de vue. Cette jeune femme n’ose aller porter plainte, par crainte de son mari, comme beaucoup de femmes battues. Mari policier, de surcroît. Car en fait nous nous trouvons devant un cas étonnant. Mon client – votre coupable idéal, Monsieur l’avocat général – était venu sauver cette jeune femme. Elle l’a appelé à son secours. Damien Dupuis devenait une fois de plus violent, cette fois d’une extrême violence : elle craignait à juste raison pour sa vie. Pourquoi s’est il laissé accuser sans réactions ? Imaginez la détresse de cet homme. Il vient de tuer son meilleur ami, la femme qu’il aime en secret gît à ses pieds, morte. Il entend les sirènes des secours qui arrivent. Son sort semble scellé. Mon client est le coupable parfait. Pas la peine de chercher plus loin que le bout de son nez ; l’enquête est bouclée avant que d’avoir débuté. Le sang des victimes se trouve sur lui. Personne ne se fait cette simple réflexion : si le sang de Laurène se trouve sur ses habits, c’est qu’il a tenté de la secourir. Je vous pose cette question : avez-vous un monstre devant vous, ou simplement un homme qui a tenté en vain de suppléer une ...