1. En votre âme et conscience


    Datte: 24/08/2021, Catégories: nonéro, policier,

    ... Monsieur ; maître Brossard a notre accord. Un peu de nouveauté ne peut nuire à la justice.— Maintenant je voudrais vous montrer des radios récupérées dans le dossier médical de Laurène. Et je vais appeler le Dr Roux, médecin urgentiste. Le Dr Roux, comme son nom l’indiquait, était un petit gros tout chauve, très célèbre. Il passait souvent à la télé pour râler contre les réductions d’effectifs dans les hôpitaux. Tout le jury venait de recevoir une série de clichés de radiographies. La présidente et ses deux pompiers de service, et même barbichu, avaient les leurs. — Docteur, vous êtes urgentiste. Si je vous montre ces clichés, que m’en diriez-vous ? Il chaussa ses lunettes, regarda les radios qu’on lui tendait. Quatre radios. — Je dirais que ce sont les radios des avant-bras d’une femme, présentant des fractures. Certaines réduites, d’autres récentes et non encore soignées.— Que vous inspirent ces fractures ?— Caractéristiques d’une personne battue. On tord le bras, on tire, et l’os se brise en se vrillant. Ici nous avons aussi deux côtes cassées. Certainement dues à un coup de poing.— Merci, Docteur. Le petit homme chauve repartit, accompagné du regard noir de barbichu. L’avocate ne tenait nullement compte de ses gesticulations. — J’ai ici les notes des passages de Laurène aux urgences. Lèvres fendues, bras cassé, côte cassée, nez cassé, avec les dates. J’ai appelé Monsieur Grangé, directeur du lycée où travaillaient mon client et Laurène Dupuis. Le directeur, tempes ...
    ... grisonnantes, lunettes sur le bout du nez, jeta un bref regard vers son ancien prof. — Monsieur le directeur, madame Dupuis est venue en cours plusieurs fois avec le bras en écharpe. Pourriez-vous me dire si monsieur Lambert était au lycée à ces dates ?— Pour deux d’entre elles, non ; il se trouvait en stage aux USA pendant six mois. Il y est resté sans revenir une seule fois en France.— Merci, Monsieur le directeur. Un silence de plomb pesait sur la salle. Maintenant, tout un chacun avait compris où voulait en venir mon avocate. — Je vais rappeler le médecin légiste. Docteur, vous nous avez bien dit que monsieur Dupuis avait été tué d’un seul coup de poing ?— Oui.— Ne trouvez-vous pas surprenant que mon client puisse le tuer en un seul coup, à mains nues, alors qu’il doive utiliser un morceau de bois pour frapper Laurène Dupuis, et que même avec cette arme improvisée, il ne la tue point ?— Beuh.— Autrement dit, vous acceptez qu’un homme d’un mètre quatre-vingt-dix et quatre-vingt-quinze kilos soit capable de tuer un autre homme d’un mètre quatre-vingt et soixante-quinze kilos, mais qu’il est incapable de tuer un bout de femme de cinquante-cinq kilos !— Beuh.— Autre chose. Mon client avait les mains pleines d’échardes ?— C’est exact.— Damien Dupuis aussi, il me semble. Se pourrait-il que monsieur Lambert ait tenté d’arracher ce bout de bois des mains de la victime ?— Beuh.— Excellente réponse, Docteur ! C’est tout. Je vais maintenant demander à madame Clotilde Sureaux de venir. Une ...
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