1. En votre âme et conscience


    Datte: 24/08/2021, Catégories: nonéro, policier,

    ... justice absente ? Il a tué, il ne le nie pas. Dans ce box devrait se trouver Damien Dupuis, coupable d’avoir battu, martyrisé, tenté de tuer sa propre épouse. Une autre question qui restera sans réponse : qui savait ? Qui a laissé cette femme souffrir ? Nous devrions présenter nos excuses à cette malheureuse. Le seul tort de mon client est de s’être substitué à la justice, à la société. Un grand silence suivit cette plaidoirie. Personne n’osait bouger ; même moi je restais bouche bée. Je me souvins d’un mot de Sacha Guitry : « Le silence qui suit une œuvre de Mozart, c’est encore du Mozart. » Le silence qui suivit la plaidoirie de maître Brossard faisait encore partie de sa plaidoirie. — La Cour va se retirer pour délibérer. La présidente semblait à côté de ses pompes. — Gardez espoir, me dit mon avocate en me serrant les mains. On m’emmena dans une petite cellule du palais de justice où je devais l’attendre. La justice ! Deux heures plus tard, je fus rappelé dans la salle. Un capharnaüm hallucinant y régnait. Il se calma instantanément lorsque la Cour revint. — À la question « Le prévenu est-il coupable du meurtre de Damien Dupuis ? », il a été répondu oui. Mon cœur se serra. — À la question « Est-il coupable de tentative de meurtre sur Laurène Dupuis ? », il a été répondu non. À la question « Y a-t-il eu préméditation ? », la réponse est non. À la question « A-t-il eu des circonstances atténuantes ? », il a été répondu oui. Je vis mon avocate croiser les doigts. — Le ...
    ... prévenu est condamné à neuf mois d’emprisonnement. Je n’ai pas tout compris tout de suite. — Votre peine couvre le temps que vous avez passé en prison préventive ; demain vous êtes libre ! hurla mon avocate en se jetant dans mes bras. Je pleurais ; elle m’embrassa et jeta ses fiches en l’air. Elle venait de gagner son premier procès, et de quelle façon ! — Maître, un peu de retenue, lança la présidente. La séance est levée. Barbichu me faisait la gueule. Il venait de se faire ridiculiser par une gamine. Elle alla le voir et lui glissa quelques mots. — Si vous comptez faire appel, réfléchissez-y à deux fois : je révélerai les errements de l’enquête. De retour à la prison, j’ai eu droit à un accueil de rock star. Rachid me flanquait des claques dans le dos à me décoller les poumons. — Merci, mon pote. Je suis heureux de t’avoir connu.— Moi aussi. Si je peux faire quelque chose pour toi, n’hésite pas, demande.— Oui, un truc : aller voir ma petite sœur, Amina.— Je l’aiderai s’il le faut.— Surtout si elle veut bien, c’est une tête de mule.— Elle a de qui tenir !— C’est ça, fous-toi de ma gueule, me dit-il en riant. * Dix-huit mois plus tard, cette histoire n’est plus qu’un très mauvais souvenir. Je fais la cuisine, je mets la touche finale à une pâtisserie lorsque j’entends frapper à la porte. — Laisse, mon chéri, je vais ouvrir : ce sont sûrement nos invitées. Je règle la température du four quand je me fais agresser par deux charmantes créatures qui m’embrassent. — On ne te lâche ...