Les vieux messieurs indignes...
Datte: 16/11/2017,
Catégories:
prost,
init,
méthode,
... messieurs dignes - les codes sociaux et moraux. Les femmes ne se contentèrent plus seulement d’être des substituts aux travaux masculins où l’on manquait alors de bras, mais prirent une part active aux faits de guerre, chose quasi-exclusivement réservée aux mâles jusqu’alors. Et le retour à la paix a été encore plus dur, plus pénible. D’autant que le travail de reconstruction a dû être entièrement partagé et que les lieux d’exclusivité masculine rétrécissaient tous les jours. La fermeture des maisons closes, les vrais pertes coloniales, le travail et la prise de responsabilité des femmes dans la vie économique, politique et sociale venant anéantir les dernières espérances des vieux messieurs dignes. Alors, que reste-t-il après cela aux vieux messieurs dignes, sur leurs bancs, zyeutant avec concupiscence les robes légères qui volètent autours d’eux ? Quelques souvenirs, d’une époque révolue où ils pouvaient alors en toute impunité, par un simple claquement de doigts, un geste discret de la tête, choisir une victime, hélant une nouvelle pour la faire « passer à la casserole », sorte de droit de cuissage moderne, désignant dans le vivier d’un atelier ou d’un bureau celle qui pourrait satisfaire à leurs envies. « Apprentissage de la vie et à la vie », disaient celles qui étaient élues, sacrifiant leur vertu sur le bureau du réalisme économique et de la grimpette qui pouvait leur faire espérer une ascension dans l’échelle salariale, forme à peine déguisée d’une prostitution où ...
... le client devenait souteneur. « Vieux salaud, dégoûtant », maugréaient les laissées-pour-compte ou les abandonnées du système. Les vieux messieurs dignes savaient alors entretenir la flamme qu’ils pouvaient raviver d’un simple hochement de tête. Le système se transmettait tout au long de la hiérarchie, le niveau supérieur donnant l’exemple au reste de l’arborescence inférieure, transmettant la valeur en la hissant à un niveau de sport collectif et national – mais pas toujours suivi par tous et toutes, qu’on se rassure aussi – se répandant dans certaines branches professionnelles comme une évidence. Au point qu’une nouvelle promotion ne pouvait alors s’acquérir que selon le système éprouvé de la « promotion canapé ». Au point que « coucher » pour avoir la place, réussir, avancer, pouvait presque se porter en légion d’honneur. Alors, les vieux messieurs dignes ont même inventé une nouvelle hiérarchie de compétences, une nouvelle classification, celle des « faciles », des « baisables » opposées aux « inabordables » et aux « non-baisables ». Et leurs turpitudes devenaient d’autant plus aisées que les femmes avaient gagné de nouveaux droits : celui de maîtriser la procréation en prenant la pilule et le droit d’assumer ou non la vie qu’elles pouvaient porter en elle, fruits d’amours licites ou non. Par cette maîtrise de leur corps, elles ont aussi revendiqué clairement leur volonté d’éprouver du plaisir, tous les plaisirs, officialisant ainsi leur conquête sur le terrain des filles ...