Lutte des classes
Datte: 12/12/2017,
Catégories:
fh,
amour,
nonéro,
... plaignait et même une fois l’un d’eux m’a offert des croissants. Puis famille à nouveau, des gens bien gentils. J’allais au collège mais ne faisais pas grand chose, non que ce soit difficile, mais je n’en comprenais pas l’utilité, je ne pensais qu’à m’amuser. En troisième, on m’a dirigé vers un collège technique en attendant mes seize ans. J’y ai appris le métier d’électricien. Ça m’a bien plu, j’ai travaillé, passé le brevet puis le bac professionnel. Je suis entré dans l’entreprise et mon patron a été content de moi, m’a aidé. Il m’a conseillé de préparer un BTS. Voilà où j’en suis à vingt sept ans. Il aimerait bien lui aussi connaître son histoire, mais il n’ose le lui demander. Le niveau de la bouteille a commencé à baisser, Anne s’est versé un troisième verre. — Et bien moi, attaque-t-elle, j’ai eu plus de chance que toi, si l’on peut dire. Je sors d’une famille de militaires, de père en fils, les filles étant épouses de militaires. Une famille qui a beaucoup donné à la patrie, comme on me disait sans arrêt. Quand j’ai parlé d’études de droit après le bac, mon père, colonel, a déjà tiqué. Mais maintenant les filles sont instruites, il a accepté à contre cœur. Il a reçu une mutation pour une autre ville de garnison. Il voulait que je parte avec eux, mais sa nouvelle affectation n’était pas une ville universitaire. Ma marraine, une vieille tante venait de mourir me laissant l’appartement, j’étais majeure, je suis resté. Premier accrochage sérieux. Puis il a appris - il ...
... me faisait sûrement espionner - que je sortais avec un garçon. Et surtout que c’était un fils d’enseignants, profession détestée. Il m’a sommé de rompre. Au lieu de cela, nous nous sommes mis en ménage et j’ai annoncé notre visite.— Anne vide son verre, le remplit immédiatement.— Ça a été le clash, mon père m’a chassé. Ma mère, femme effacée, n’a pas osé protester. Je ne les ai plus revus. Ma mère en a beaucoup souffert. Elle me téléphonait en cachette de temps en temps car nous nous aimions beaucoup. Elle s’inquiétait pour moi, puis a été rassurée quand j’ai eu mon métier. Il y a six mois, j’ai reçu un coup de fil de mon frère qui m’apprenait qu’elle était décédée d’un cancer. Elle ne m’avait jamais parlé de sa maladie, pour ne pas m’inquiéter. Mon père ne m’avait rien dit ni des symptômes, encore moins de l’aggravation et c’est ainsi que j’ai appris brutalement le décès. Folle de colère, je suis allé aux obsèques, je les ai insultés devant toute la famille. La rupture est totale et définitive depuis. Parler donne soif, Anne vide à nouveau son verre. — Avec Patrick j’étais bien, j’avais quelqu’un à qui parler, je l’ennuyais sûrement. Nous vivions ensemble, mais nous ne nous aimions pas. Et le jour où vous êtes venus avec ton patron, il venait de me quitter. Désespérée, j’ai décidé de me suicider. Voilà ma belle histoire. Elle vide son verre et se met à pleurer. Julien est gêné, les clients vont croire que c’est à cause de moi. Il appelle le patron, règle la note et la fait ...