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Les chambres
Datte: 13/12/2017, Catégories: fh, bizarre, hotel, nonéro, amourcach,
... n’arriverait pas à savoir où elle vivait exactement. Avec du temps encore, il y parviendrait. Mais cela aurait été tellement mieux ce soir. La teinte du ciel. Le jour qui mourait. Tout cela lui convenait bien. Il s’apprêtait à partir lorsqu’une lumière fit soudainement se dévoiler un appartement au quatrième étage. Puis il la vit. Qui ouvrait les fenêtres, qui allumait une cigarette. Il recula lentement, le cœur battant. Plongea dans l’obscurité. La regarda. Observa ses bras nus. Elle se retira puis une autre lumière éclaira la pièce attenante. Et ce fut tout. Il attendit. Une heure. Deux heures. Il attendit sur un banc. La nuit était tombée maintenant et il ne voulait pas rentrer chez lui. L’obscurité l’enveloppa et il resta ainsi captif un long moment. Il se rendit régulièrement en bas de chez elle. Et jamais il n’y eut dans son appartement d’autres lumières que celles de ces deux pièces. Quand ils se voyaient à l’hôtel, il tentait de lui poser des questions. Avec le temps, elle se laissait un peu aller. Son mari travaillait pour une compagnie aérienne. Il achetait des pièces, des choses complexes qui composaient les gros porteurs. Elle avait deux garçons, deux jumeaux. Ce genre de choses. Il n’en apprit pas plus. Elle fermait les yeux. Quand ils couchaient ensemble, elle avait les paupières closes. Il scrutait ses traits fins. Se demandait si elle prenait vraiment du plaisir. Son visage était fermé. Menteuse. Putain de menteuse. Il brûlait de lui jeter ses mensonges à la ...
... figure mais il se serait trahi et ne l’aurait plus revue. Il avait son nom. Sur la boîte aux lettres, il avait pu le trouver. Il rentrait dans son immeuble. Montait au quatrième étage, écoutait aux portes. Elle était seule. Il y avait de la musique. Quelque chose d’assez moderne. Au milieu de septembre, il réalisa que leur histoire durait depuis trois mois. Il le lui dit, lui offrit une rose. Elle dit : — Ce n’est pas important, garde la fleur. Trois jours, trois mois, trois ans, qu’est-ce que ça peut bien foutre ? Il se mordit l’intérieur de la bouche pour ne pas la gifler. Un matin, il l’attendit devant chez elle. Il s’était levé tôt. Sa mallette en cuir lui pesait. Puis elle sortit. Marcha d’un pas rapide. Entra dans le métro. Il y avait du monde. Il faisait encore chaud, l’été jetait ses dernières forces et même l’aube ployait sous son joug. Il entra dans la même rame, se dissimula derrière deux formes imposantes. Lui n’était pas grand. Elle descendit quelques stations plus tard avec la presque totalité du wagon. Le quartier d’affaires. Tout le monde travaillait dans le quartier d’affaires. Il y avait des sans-abri sur une plaque d’aération. Il y avait des restes de fast-food sur l’escalator. Il s’installa à une terrasse de café puis à une autre puis encore une autre. Elle lui avait parlé d’une agence de voyages, mais elle entra dans une grande surface culturelle. N’en ressortit qu’à midi puis y retourna jusqu’à dix-huit heures. Entre-temps, il avait appelé son responsable ...