Bohémienne (2)
Datte: 03/05/2018,
Catégories:
Erotique,
... regarder dans une glace et ne plus voir d’étincelle de vie, de juvénilité, de rêve dans ses yeux. Il ne voulait pas les voir ternis, tirés, fatigués, effrayés du regard des autres. Mais il n’avait plus le choix : son père, sans lui avoir demandé son avis, avait marqué son nom. Il faisait dès lors partie de l’armée, et s’il ne se rendait pas à son lieu de rendez-vous, il serait déserteur. Lui qui avait fait l’amour, il allait devoir faire la guerre. bglbhhst Et sa pensée alla dès lors à sa belle Bohémienne : il allait devoir la quitter. Plus que la pensée de la mort en elle-même, c’était l’idée qu’il pouvait ne plus jamais la revoir. Que pouvait-il arriver à sa tendre, durant son absence ? Un autre homme prendrait sa place, elle l’oublierait. Lorsque son père fut parti, Lucien refusa une étreinte de sa mère, beaucoup moins enthousiaste à l’idée qu’il aille combattre les "Alboches". Il préféra sortir, revoir une dernière fois sa bien-aimée. Une larme coulait sur sa joue. L’essuyant d’un revers de manche, il courait sans réfléchir. Le clocher continuait son vacarme, des pères accompagnaient leurs fils vers le bureau de recrutement ou rentraient dans les foyers, La Marseillaise résonnait dans le village. Tout cela sortait du réel. Avant de devoir plonger dans une horreur dont il n’avait même pas la moindre idée, Lucien voulait voir la Beauté. Elle était heureusement là, mais curieuse, comme tous ses semblables qui regardaient en direction du clocher, l’air hagard. Il la prit ...
... par la main rapidement ; elle se tourna vers lui et vit son regard affolé. Ce fut à son tour de la mener à l’écart des autres. Derrière une roulotte, le tout nouveau soldat laissa de nouveau perler ses larmes, sans pleurs sur le visage : il voulait faire comprendre que la situation était grave tout en gardant une certaine fierté devant la jeune fille. Cette dernière, bien qu’elle fût encore loin d’imaginer que la guerre venait d’éclater, comprit que Lucien allait devoir la quitter. Elle sentait au fond d’elle qu’un danger planait. Ils se rendirent alors dans la roulotte habituelle. Bien que Lucien n’eût guère l’esprit totalement ouvert à cela, il voulait faire l’amour avec cette belle âme, peut-être pour la dernière fois, qu’il survive à la guerre ou non. La Gitane s’était déjà posée auprès de lui, prête à être déshabillée. Elle dut commencer par déboutonner la chemise de son amant pour lui donner l’inspiration de faire de même. Son chemisier de dentelle tomba et Lucien posa de suite son visage contre les seins de sa maîtresse. Il la serrait dans ses bras, la joue posée sur ces coussins naturels. Coussins dont il allait être séparé longtemps, dont il ne toucherait plus la douceur avant plusieurs… Jours… ? Mois… ? Années… ? Comment pouvait-il le savoir ? Qu’importe combien de temps cette guerre allait durer, le moindre jour séparé d’elle serait un jour de trop. Le jeune homme avait beaucoup de mal à faire monter le désir ; son esprit était pris dans le tumulte de toutes ces ...