Bohémienne (2)
Datte: 03/05/2018,
Catégories:
Erotique,
... davantage d’informations à ce sujet, à moins peut-être dans un genre littéraire qui n’était pas le sien. Vu qu’il était allongé, le jeune homme se retrouva le sexe – toujours un peu érigé – maculé. La demoiselle, une fois assurée d’avoir suffisamment ôté la semence, se mit à essuyer aussi la verge de son compagnon avant de revenir auprès de lui pour partager de sages tendresses, malgré quelques mains s’avérant baladeuses de temps en temps. L’heure tournait inexorablement, et si le soleil d’été mettait du temps à se coucher, le jeune homme commença à sentir qu’il était temps de rentrer avant l’heure du dîner. Il referma son pantalon, heureux, échangea un regard avec celle avec qui il venait de faire l’amour, lui adressa un lumineux sourire suivi d’un tendre baiser, puis ils sortirent de la roulotte et se quittèrent après une chaleureuse étreinte, avec l’idée de se revoir le plus tôt possible. Pour Lucien et la Bohémienne, la soirée était dans les idées ressassées et le désir perpétuel d’un lendemain sensuel et passionné. Lucien fut arraché d’un poème qu’il écrivait par les cloches sonnant le tocsin à en briser leur marteau. Il regarda son calendrier : samedi 1er août. Ce n’était pas un jour de fête religieuse ni de messe ; le clocher n’avait aucune raison de sonner en ce milieu d’après-midi. Il ouvrit sa fenêtre et put entendre également celui du village voisin. Il descendit promptement pour aller voir ce qui se passait, demandant auparavant à sa mère qui ne sut lui ...
... répondre. Son père entra dans la maison, le visage rayonnant, et parla d’abord à sa femme et son fils, puis à son fils seul : — La France est en guerre ! Elle a déclaré la guerre à l’Allemagne ! Nous allons enfin prendre notre revanche ! Lucien, j’ai signé pour toi ! Prépare tes affaires : tu prends le train de dix heures demain matin ! — Quoi… ? Guerre. La guerre. En guerre. Ce mot résonnait dans sa tête : guerre, guerre, guerre ! Mot affreux, agressif en bouche, qui tape sur le palais et frotte le fond de la gorge. Lucien n’imaginait jamais qu’il aurait à vivre le gouffre le plus profond dans lequel pouvait se perdre le genre humain. Et une fois la nouvelle de la déclaration à peine passée, celle qu’il avait été engagé l’assomma. Lui, poète, rêveur… incapable de voir la mort d’un animal, qui n’a jamais tenu un fusil de chasse, il allait devoir tuer des hommes. Donner lui-même la mort. — Non… Quoi… — Tu feras enfin quelque chose d’utile dans ta vie ! Vous allez leur tomber dessus ! Ils vont rien comprendre ! Tu nous enverras une carte de Berlin ! Je suis si fier de toi ! Il ne voulait pas, jamais. Il avait vu les cicatrices que cela laissait : son père était devenu quelqu’un de sérieux, grave, acerbe même, alors que d’après ses grands-parents il était autrefois quelqu’un d’enjoué et rêveur, lui aussi. Les parents de plusieurs de ses amis étaient de même ; l’un d’eux était allé jusqu’à se pendre dans une grange. Plus que de voir les blessures dans sa chair, Lucien ne voulait pas se ...