Les deux veuves
Datte: 20/07/2017,
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Voyeur / Exhib / Nudisme
init,
... conservé toutes les coupures de presse et les cassettes vidéo. Mais les hommes, tout ordonnés et tout méfiants qu’ils puissent être, restent des hommes ! Et c’est comme ça que, un beau matin, en rangeant le lourd manteau d’hiver posé avec négligence sur le dosseret d’une chaise, elle avait découvert le pot aux roses. Elle avait été meurtrie mais sa condition de femme de la terre sans grande éducation - si ce n’était des principes comme la fidélité et la soumission - l’avaient empêchée de sombrer dans la folie et de se mettre en colère. Bien sûr, elle lui avait fait la tête. Bien sûr, elle était allée coucher dans le fenil durant plusieurs semaines. Mais, finalement, elle s’était raisonnée. Un soir où il lui faisait l’honneur d’être à la ferme, elle lui avait servi la soupe et son verre de vin. Tandis qu’il taillait une grosse tranche de pain de montagne qu’il aimait tremper dans sa soupe, elle s’était installée en face de lui et avait commencé à lui parler. Cela n’avait pas été une décision facile à prendre. Avant le repas, elle avait même ingurgité, en cachette et rapidement, un bon verre d’alcool blanc, réservé aux rares invités du dimanche. Et la chaleur de l’alcool aidant, la tête légèrement embrumée par les vapeurs de la « Blanche », elle avait trouvé le courage d’affronter son mari. Non, elle ne l’avait pas agressé. Elle avait parlé. D’elle, de lui, de leur situation, de ce qui allait advenir, pour elle, pour lui. Eugène, la tête penché au-dessus de son assiette de ...
... soupe, aspirait à grands bruits de succion le chaud et épais liquide. De temps à autre, il s’essuyait les lèvres d’un revers de main avant de porter à la bouche, d’une main tremblotante, le verre de vin, et recommençait à engloutir sa soupe. Durant tout le temps où elle avait soliloqué, jamais elle n’avait pu accrocher son regard. La soupe finie, Eugène s’était à son habitude retaillé une large tranche de pain puis, d’un coup d’Opinel effilé, il avait entamé une nouvelle grosse tomme de montagne. Tout en mastiquant sa fin de repas, il avait enfin levé la tête en la fixant droit dans les yeux. Alors, elle s’était tue. Soudain, elle avait eu très peur. Elle s’était mise à trembler sous l’effet de la peur et surtout de son audace. Qu’allait-il dire ? Qu’allait-il faire ? Quelle allait être sa réaction ? Elle avait soudain eu très peur de le perdre, et elle s’apercevait qu’elle ne pouvait pas se passer de lui. Non pas tellement du point de vue des choses matérielles de la vie, tout ça n’avait aucune importance à ses yeux. Elle avait déjà connu la misère, la pauvreté, et le travail ne lui faisait pas peur. Non, ce dont elle prenait soudain conscience c’était qu’elle l’aimait. Ce verbe « aimer », elle ne se souvenait pas l’avoir prononcé plus de deux ou trois fois dans sa vie, et toujours destiné à Eugène. Pour elle, le fait qu’ils se soient mariés, qu’ils aient vécu ensemble, côte à côte, ne devait pas systématiquement impliquer qu’il ou elle dise « je t’aime » à tout bout de champ. ...