1. Les deux veuves


    Datte: 20/07/2017, Catégories: f, fh, fhh, hplusag, fplusag, couple, extracon, collection, amour, volupté, cérébral, revede, Voyeur / Exhib / Nudisme init,

    ... Pour elle, la vie ce n’était pas comme dans les feuilletons à l’eau de rose que diffusait la télévision. C’était une forme de « chose acquise » et c’est tout. Et puis sa présence avait quelque chose de rassurant. Leur intimité était non seulement rentrée dans son quotidien, avec ses rites, ses us et coutumes, mais il lui semblait qu’il ne pouvait en être autrement. Or c’était justement ce « autrement » qui l’inquiétait. Depuis qu’elle allait coucher dans le fenil, la chaleur du corps d’Eugène lui manquait, le soir pour s’endormir ou le matin pour mieux se réveiller. Alors, submergée par l’émotion, son outrecuidance, ses peurs et ses tremblements, elle s’était tue. Elle avait baissé les yeux pour cacher les premières grosses larmes qui perlaient et commençaient à couler le long de son nez. Un lourd silence s’était établi entre les deux époux. Puis Eugène avait repoussé sa chaise, sans ménagement, et faisant grincer et traîner les pieds au sol, il s’était levé pour aller chercher son tabac dans le pot sur le tablier de la grande cheminée et était revenu s’asseoir. Et, tout en commençant à se rouler une cigarette, il s’était mis à parler… Il lui avait expliqué toute la genèse de son histoire avec Mathilde. Leurs premières rencontres au cours de soirées d’explications de texte, ses premiers émois, l’admiration de Mathilde pour son travail, et ses encouragements, puis ses progrès et sa pugnacité de négociateur. Il avait aussi évoqué ses frissons lors des premières bises et la ...
    ... première fois où il lui avait touché les seins avant de lui faire l’amour. Il avait tout dit, tout décrit, jusque dans les plus petits détails intimes du couple qui s’était formé. Elle l’avait écouté. Surprise. Estomaquée. Inquiète par la découverte de ces mots, de ces gestes qu’il décrivait avec une précision diabolique et qui lui transperçaient le cœur et le ventre. Jamais il n’avait eu autant d’égards, ni de tels gestes « amoureux » envers elle. En silence, elle avait encaissé leur histoire, leurs ébats, les détails y compris les plus intimes, les plus scabreux. Intérieurement, elle avait alors traité Mathilde de « catin », de « fille des rues », « de traînée » mais aussi de « voleuse d’homme et de sorcière… ». Mais elle avait tout gardé pour elle. Elle l’avait écouté, jusqu’au bout. Il ne lui avait rien épargné de ses turpitudes et avait conclu que, pour l’instant, il ne pouvait se passer ni de Mathilde, ni d’elle. C’était son choix. Elles étaient, toutes les deux, son équilibre. Il avait alors refermé son Opinel d’un geste sec, après avoir longuement essuyé la lame sur un morceau de mie de pain qu’il avait ensuite mâchonné, avant de se lever et de se diriger d’un pas lourd et traînant vers la chambre. Elle était restée assise, là, au bout de la table. La tête basse, ses larmes coulant à flots mouillant son large tablier et elle s’était demandé ce qu’elle devait faire. Que voulait-elle ? C’est qu’elle ne voulait pas le perdre et, surtout, elle ne voulait plus avoir froid la ...
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