1. Les deux veuves


    Datte: 20/07/2017, Catégories: f, fh, fhh, hplusag, fplusag, couple, extracon, collection, amour, volupté, cérébral, revede, Voyeur / Exhib / Nudisme init,

    ... ne cessait de la contempler et il se sentait invincible. Oui. Grâce à elle, pour elle, avec elle, il était devenu invincible. Elle aurait pu le faire passer par le chas d’une aiguille d’un simple regard. Et c’est souvent pour elle qu’il avait surmonté sa timidité, ses peurs de dire des bêtises, son appréhension de ce monde dans lequel il se sentait maintenant presque à l’aise. C’est grâce à elle qu’il était devenu l’un des fers de lance de la délégation. C’est avec elle qu’il se sentait en confiance, en sécurité. Et quand, après des heures et des heures de négociations ardues, ils rentraient à l’hôtel, épuisés, il n’avait jamais l’audace de lui demander clairement comment elle l’avait trouvé. C’était toujours elle qui avait fait le premier pas, en le félicitant chaudement, et ses bises de « bonsoir », tout en restant chastes, devenaient nettement plus appuyées. C’était pour goûter cet instant précis où les douces lèvres de Mathilde s’appuyaient sur ses joues un peu rugueuses d’une barbe naissante et drue, qu’Eugène avait tenu tête aux délégations. C’était pour ces instants qu’il allait jusqu’au bout de ses arguments avec opiniâtreté et pugnacité, ce que redoutaient les plus d’un grand commis de l’Europe. Ah ! S’ils avaient su, ces beaux messieurs ! S’étaient-ils doutés, avec leurs costumes trois pièces-cravates et attachés-cases, que le moteur de l’ardeur et de l’adversité qu’Eugène leur opposait se nommait « Mathilde » ? Et si cela avait été le cas, plus d’un en aurait ...
    ... mangé ses lourds dossiers en s’étouffant avec sa prose. À cette image audacieuse, Alice avait interrompu son récit en regardant Mathilde…et elle riait. Oui, la veuve éplorée du cimetière, couverte de son grand voile noir telle une Mater dolorosa, avait soudain un rire cristallin qui lui faisait briller les yeux de mille étoiles. Si Mathilde riait, Alice restait réservée. Mais leurs mains, leurs doigts toujours entremêlés semblaient jouer une danse intime où l’échange de pressions, le passage de la chaleur de l’une à l’autre, tenaient une place essentielle dans leur relation. Je restais là, enfoncé dans le canapé qui grinçait au moindre de mes soupirs et menaçait de s’affaisser au moindre de mes mouvements. J’écoutais attentivement, impatient de connaître la suite, de découvrir l’histoire d’Eugène. Calmant son rire, Alice s’était retournée vers moi : — Peut-être que je vous embête avec cette histoire ?— Non. Pas du tout.— Dites-le-moi franchement !— Je vous assure. Au contraire. Alice marquait un temps d’arrêt, reprenant sa respiration, avant de reprendre le fil de l’histoire d’Eugène. Eugène s’était contenté durant de longs mois de cette relation platonique faite de rencontres, de travail en commun, de frôlements des corps dans les trains, dans les taxis, dans les bousculades des arrivées ou des départs de réunions. Il s’impatientait toujours d’aboutir à l’échange de leurs bises pour se souhaiter une bonne nuit dans le couloir de l’hôtel, et il attendait avec impatience le matin ...
«12...8910...32»