1. Où sont passés les poivrons jaunes ?


    Datte: 19/06/2017, Catégories: caférestau, nonéro, amiamour, consoler,

    ... de la voiture, a foncé sur moi et m’a prise dans ses bras. Je me suis abandonnée à son étreinte comme une noyée accueille la bouée de sauvetage. En plus de son parfum habituel, il sentait bon le chocolat, je savais qu’il avait fait lui-même son gâteau d’anniversaire, cet après-midi-là, car Géraldine bossait. Il sentait bon, oui, cette bonne odeur si familière qui fait qu’on se sent en sécurité dans ces bras-là. Je me suis pendue à son cou, j’ai respiré cette odeur si rassurante nichée contre sa peau, et puis… je ne sais pas… pendant que mon cœur cavalait à un rythme fou, que j’essayais de me persuader que ça allait s’arranger, que c’était peut-être un moment d’égarement, ou je ne sais quoi… on s’est embrassé. * Eh bien vas-y, continue. Je n’ai plus envie. Mais si, tu en as envie, rétorque la bouteille, maintenant vide. C’est toi qui le dis. En même temps, tu parles à une bouteille. On peut dire que t’es bourrée comme un coing. Tu peux bien finir ton histoire. Personne ne te reprochera rien ici. On ne reproche rien à une femme ivre. Question de principe. Hum. Qu’as-tu ressenti, quand sa bouche s’est posée sur la tienne ? Rien. Rien ? Tu es sûre ? Ben oui, hélas. J’aurais tellement voulu trouver ça au moins agréable. Pour lui faire plaisir. Mais… rien. En fait… si, j’ai ressenti quelque chose. Tu vois bien… Ce n’est pas ce que tu crois, perfide. Disons que j’ai éprouvé cette écœurante sensation d’embrasser un membre de ma famille. Un frère. Ou à l’extrême limite, un cousin. ...
    ... J’ai trouvé cette expérience totalement inconvenante. Lui, ce qu’il a fait… ce qu’il a ressenti, je ne sais pas, mais ce qu’il a fait, c’est de reculer pour plonger ses yeux dans les miens. J’ai essayé de cacher comme je pouvais le début de nausée qui montait en moi, mais il l’a vu, très clairement, je l’ai su d’emblée. Alors il a souri. Un sourire triste, qui n’a pas atteint ses yeux. Puis il m’a complètement lâchée. Sans un au revoir ni rien du tout, il a fait demi-tour, s’est assis dans sa belle bagnole et s’est tiré. J’étais à deux pâtés de maisons de chez moi. J’avais à peine la force de mettre un pied devant l’autre, mais je devais me faire violence, la baby-sitter de mes enfants allait bientôt finir sa garde. Je suis rentrée tout doucement, le cœur lourd et pourtant percé de toutes parts. Je perdais du sang, je perdais les eaux, encore une fois… j’accouchais de mon ancienne amitié, j’avais peur de découvrir le monstre que j’étais en train de libérer à la place. Et ce fut un cafard, bien sûr. Pendant une semaine, pas de nouvelles. Mon esprit pédalait de travers, j’étais dans un état de détresse et de trouble inimaginable. Pas moyen de se défaire de ses mots, de son étreinte, pas moyen d’enrayer le cours dangereux que prenaient mes pensées. Mon mari, Antoine, rentra de son déplacement, et fut bien étonné de découvrir ce zombie au lieu de sa femme. J’ai eu envie de lui en parler, mille fois. Mais aucun mot n’a franchi le seuil de mes lèvres. Fabrice avait scellé notre amitié ...
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