1. La Belle des année folles - Ch. 7 - Le quotidien du "Carré de Dames"


    Datte: 25/07/2018, Catégories: Entre-nous, Hétéro

    ... près 2 chances sur 3 pour que Fernande soit ivre… Toujours est-il que certains clients, toujours les mêmes ou à peu près, arrivent à chaque fois après minuit - une heure du matin, la plupart du temps lorsqu’elle est très échauffée par l’alcool et même souvent complètement ivre… Disons tout de suite qu’elle ne prend pas une cuite par jour non plus. Mais il lui arrive aussi à l’occasion d’un anniversaire ou d’une fête entre le personnel de prendre deux murges dans la même journée : une au repas de midi, l’autre le soir… A propos de femmes qui se prennent régulièrement des cuites, la Fernande n’est pas la seule loin de là ! Ainsi, plus souvent qu’à son tour, la patronne s’en prend aussi de sévères… En particulier les soirs où la recette a été bonne et les clients particulièrement entreprenants. A la différence de Fernande, l’Adèle n’est ivre qu’en toute fin de nuit quand il y a eu du monde et que le tiroir-caisse est plein ; alors que l’autre, la Fernande boit par désœuvrement dès le début de soirée… Parfois, quand elles sont toutes les deux bien éméchées, les clients partis, elles passent ensemble une bonne partie du reste de la nuit à se raconter leurs souvenirs d’anciens combattants des années passées dans plusieurs bordels parisiens où elles ont l’une et l’autre, travaillé… La Fernande raconte souvent ses " moments de guerre " et comment en 1915 elle a été réquisitionnée avec plusieurs centaines de femmes des bordels parisiens pour aller regonfler le moral des troupes qui ...
    ... revenaient à l’arrière lorsque les hommes décrochent du front. Les filles étaient cantonnées juste après les lignes de l’arrière, groupées par quinze à vingt dans les quelques maisons restées debout au milieu de villages dévastés, ou parfois dans des bivouacs de toile… Durant cette guerre, la Fernande était basée avec une quinzaine d’autres filles de Pigalle, à Anizy-le-Château, entre Laon et Soissons, juste en arrière du front de l’Aisne dans un couvent à demi bombardé. Les bonnes sœurs de la Miséricorde avaient désertées le lieu pour se replier en Normandie, laissant place à un autre genre de sœurs… Fernande y resta de mars 1915 à Noël 1918. Mangeant bien disait-elle, bien soignée, passant plus de temps allongée que debout… Les soldats venaient là pour une heure ou deux, par sections entières avant de monter au front, tout de suite relayées par d’autres sections, et ainsi de suite du matin au soir et parfois la nuit en fonction des contingents disponibles. Fernande, plaisantait souvent de cet épisode de sa vie avec les autres filles de la boîte : - '' C’était complètement surréaliste, racontait-elle. Pensez, un couvent où l’on baisait sans arrêt de bout, le long de toutes les colonnes du cloître ou en levrette sur les margelles, et évidemment aussi dans les cellules des sœurs, c’était des orgies à n’en plus finir. Sans doute que le Bon Dieu n’avait jamais vu de pareil ici, hein !..." - " Oh mes pauvres, vous auriez vu ça, une débauche de corps dénudés, de bites, de culs, de ...