Lettre à O. - Histoires de Sexe

Lettre à O.

... frustration de son côté ou du mien pour qu’à chaque fois suivante nous ayons l’occasion de recommencer et l’envie de continuer à nous découvrir dans cette souffrance qui confine tant au plaisir qu’on se demande vraiment si c’en est mais cela en est bien sans aucun doute oui, si tu n’avais pas joui ce soir-là tu aurais été incomplet et tu aurais voulu qu’on se revoie mais tu me brûlais tant je ne voulais pas te revoir je ne voulais pas m’offrir plus à toi tu en avais assez vu j’ai saisi ton sexe et je t’ai fait venir, sans respect sans désir sans érotisme juste voir jaillir cette substance qui me libérait de toi de ton joug de ta violence de ta tendresse aussi, c’est amusant comme la domination peut s’apparenter à la protection je ne l’avais jamais senti, mon père m’a dominé sans me protéger alors que près de ton grand corps chaud grand fin mais sans angles tout en rondeurs je sentais que rien ne pouvait m’arriver que la terre aurait pu cramer à cet instant et que tu n’aurais pas bougé et que je serais resté accroché plus fort qu’un coquillage, peut-être que je suis frustré que mon père ne m’ait pas tué ou détruit plus complètement encore de ses grandes mains qui ressemblaient à des battoirs, que je sente une douleur si forte que je ne l’aurais plus ressentie j’aurais été la douleur même lancinante et aimée, désirée et délicieusement redoutée mais il y a quelques jours peu après que nous nous sommes vus un jeune homme dans le métro m’a bousculé pour prendre la place sur ...

... laquelle j’étais sur le point de m’asseoir je l’ai agrippé par le col pour l’éjecter ne pas me laisser faire montrer qui j’étais c’était tout ce que je voulais à ce moment montrer que je ne me laisserais pas marcher sur les pieds, mais secrètement je n’avais qu’une envie c’était que ce jeune homme gringalet et insolent me frappe sentir son poing les cartilages et les os s’écraser sur ma tempe sur ma joue sentir les tissus douloureux gonfler et se boursoufler j’imaginais qu’il descendait au même arrêt que moi qu’il me poussait et que sûr de sa supériorité sur moi parce qu’appuyée sur la mauvaise foi – et la mauvaise foi est plus forte que tout – il m’aurait malmené frappé envoyé sur les rails ma peau aurait alors heurté le rail électrique et je serais mort alors, finalement il est descendu cinq stations avant moi partant en m’assénant un coup sur la tête comme pour me dire que finalement il avait gagné par le simple fait qu’il l’avait décidé s’il m’avait frappé je l’aurais battu et j’aurais éprouvé une jouissance sans bornes la même que lorsque je me sens sur le point d’imposer ma domination à mon homme et qu’il se dérobe à moi le désir n’en est que plus grand, tu penseras peut-être que je ne suis qu’un pervers un déréglé que tous ces mots je ne les pense pas mais tu te tromperais si tu pensais ça, je t’en prie lis encore écoute je me rappelle dans le lit que nous partagions je cherchais à toucher ta peau tu ne faisais pas attention alors à moi peut-être même n’avais-tu pas idée de ...