Lettre à O. - Histoires de Sexe

Lettre à O.

... ce qui se passerait ou alors n’était-ce qu’un faux-semblant peut-être que tu faisais cela justement pour m’attirer pour que je vienne à toi que tu ne t’abaisses pas à venir c’était toi après tout le maître de la situation je cherchais ta peau, même peu de contact ton bras ta cuisse ton pied tu t’es levé tu as enlevé ton haut j’ai su que tout était joué ce n’était qu’une question de temps, mon cœur battait si vite, j’ai tellement l’impression d’être ridicule je me répète mais tu verras, à un moment tout fera sens et les mots me viendront comme au moment où j’ai dit pourquoi la dépression me rongeait, quand j’ai dit à mon psy que mon père m’avait battu je n’avais qu’une envie alors : écrire écrire écrire même si je ne savais pas comment, vomir, fixer sur de papier faire sortir de moi et paradoxalement faire durer mon histoire l’histoire de mon malheur pour en faire une figure hideuse mais que je puisse regarder en souriant et peut-être en la regrettant un peu, toi je ne te regrette pas je frémis encore de tout ce que j’ai fait pour arriver à tes caresses rudes et nouvelles sinueuses et fortes comme les parfums de Baudelaire le musc le goudron le benjoin, quand tu as enlevé ton haut toute ton odeur m’est venue au visage, vent neuf, plus le temps passe et moins ton visage me reste, plus ton image s’efface il n’en restera bientôt qu’une vapeur un souffle de fumée mais mon corps garde tes mains sur lui tes mains sur ma tête tes mains posées pour une nuit sur mon être.