1. Perdus


    Datte: 25/10/2018, Catégories: nonéro, aventure, sf,

    ... Anika ? Si elle venait, les hommes la suivraient. Elle demeura un instant silencieuse. — Je reste. J’avais presque l’impression qu’elle refusait par peur de regretter la vie qu’elle était parvenue à trouver là. Peut-être s’était-elle habituée à cette vie, à cette proximité charnelle avec tous ces hommes dont elle avait toutes les faveurs. — Comme tu voudras. Inutile de perdre du temps à la convaincre. — Bonne chance !— Merci, répondit Alys. Je crois que nous allons en avoir besoin.— Si vous nous entendez crier, réclamai-je, criez en retour et nous pourrons revenir vers vous. *** Le courant était faible, mais pas inexistant. Nous nagions lentement, nos corps allongés à la surface, suivant quelques dizaines de mètres la direction globale qu’indiquait ma cordelette, avant de nous immobiliser pour la relancer et détecter de nouveau le cours de la rivière souterraine. Au loin, derrière nous, le vacarme de la cascade avait presque disparu. De temps en temps, Alys poussait un hurlement en devinant quelque chose frôler nos jambes, et je me retenais pour ne pas crier moi aussi. Et je me forçais alors à être rassurant. — Garde espoir, mon amour ! Nous allons nous en sortir ! Nous ne voyions toujours rien, ne sentions aucune paroi ni aucun rocher autour de nous et l’écho de nos voix nous laissait imaginer une caverne gigantesque. Le lac était certainement immense. Les minutes passaient, tandis que nous grelottions et désespérions, cherchant à déceler une éventuelle direction de notre ...
    ... ficelle. Puis nous nous réchauffions un instant en nageant. Et tout recommençait. — Je ne tiendrai pas longtemps, Johan. J’ai trop froid. Et j’ai trop peur. Il vaut mieux que nous retournions. Je n’osais pas encore en parler à ma compagne, mais un soupçon d’espérance me venait au fur et à mesure que nous progressions : le courant était peu à peu plus important. Imperceptiblement, au début, juste par le temps que mettait ma ficelle à s’éloigner dans une direction donnée, puis de façon plus évidente, nous avancions plus facilement. Pour bientôt finalement nous laisser porter, le cœur quelque peu allégé. — Regarde ! Est-ce que… De la lumière ! Alys avait raison ! Un minuscule point lumineux, mais qui grossissait à mesure qu’on s’en approchait. Bientôt la fin de cette obscurité oppressante ! Je me retournai pour hurler aussi fort que possible : — Anika ! On a réussi ! Venez ! Par ici ! Mais ils étaient bien trop loin. Cela faisait sans doute presque deux heures que nous les avions quittés. Ils ne sauraient jamais qu’on avait trouvé une issue. — Aïe !— Qu’y a-t-il ?— Des roches, en dessous. Ce n’est plus aussi profond, ici. À mon tour, je heurtai le fond de la rivière. — Essaie de t’allonger plus. Je ramenai et enroulai complètement ma ficelle ; plus le moindre doute quant au sens du courant : celui-ci devenait maintenant vraiment rapide et nous avancions sans plus aucun effort vers la lumière. Et peu à peu, un spectacle étonnant s’offrait à nos yeux : les parois de la caverne ...