Ballerine
Datte: 14/01/2019,
Catégories:
ff,
... recommanderais pas ce chemin de croix à une jeune fille d’aujourd’hui. Je ne peux plus considérer l’asservissement du corps à quelque cause que ce soit comme étant une chose à faire. La santé, c’est le plaisir ; c’est ce que je crois. Il faut impérativement prendre plaisir à vivre, il faut que le corps prenne plaisir à vivre. On ne peut pas être dans la douleur de vivre et penser que le corps va être dans le bien-être, dans un état d’harmonie, dans la santé. Je veux maintenant dorloter mon corps, le choyer, qu’il prenne plaisir de tous les sens, le nourrir de plaisir. Et c’est cela que je veux enseigner : faire bouger le corps de plaisir, plaisir de suivre le rythme, plaisir de suivre son rythme, plaisir d’être ensemble en groupe, plaisir d’apprendre, plaisir de progresser. Le plaisir est un chemin, c’est le mien.— Une vie de plaisir ! N’est-ce pas un peu utopique ? Tu crois vraiment qu’on peut réussir sa vie en se laissant aller à assouvir tous les désirs qu’on peut avoir ?— On fait l’erreur d’associer plaisir et laisser-aller. Le chemin du plaisir de vivre est bien loin du laisser-aller. C’est un chemin étroit qui demande une attention de tous les instants. Il n’y a pas de chemin facile sur cette terre, et le chemin du plaisir ne fait pas exception. Si cette voie était facile à suivre, l’humanité l’aurait trouvée depuis longtemps. Quand tu regardes le monde dans lequel nous vivons, à tous les niveaux, considères-tu que nous vivons dans un monde de plaisir ? Quand tu lis les ...
... journaux, quand tu regardes la télévision, est-ce que c’est le plaisir qui prend la première place ?— Non. Il y a parfois des petits plaisirs en marge de notre vie, petits plaisirs bien éphémères qui pourraient agir comme soupape pour nous permettre de continuer, mais ils ne font pas le poids.— Moi, je veux mettre le plaisir au centre de ma vie ; et pour ce faire, ça prend une certaine discipline.— C’est drôle d’associer plaisir et discipline.— Toi, Éliane, quel est ton mets préféré ?— J’aime bien une bonne lasagne.— Imagine que tu manges de la lasagne deux fois par jour pendant une semaine ; qu’est-ce qui va arriver ?— Je vais m’écœurer de la lasagne et je ne pourrai plus en manger pendant très longtemps.— Imagine que tu aimes le bon vin et que ce soir on en prenne trois bouteilles ; qu’est-ce qui va arriver ?— Demain, je vais être malade et la vie ne sera vraiment pas douce !— Au point de vue sexuel, c’est la même chose. Les jeunes couples se jettent sur le plaisir, ils s’y engouffrent, et six mois plus tard – huit mois, un an au maximum – ils se lassent. Il ne reste que l’habitude de l’autre. La couleur change, le beige envahit leur vie, et pour retrouver une couleur plus vive ils se trompent. Tu vois, le plaisir sans discipline mène au déplaisir. Et tu sais, le plaisir n’est pas toujours donné. Il se terre parfois ; il faut savoir le débusquer, le reconnaître, l’extraire de la grisaille. Par exemple, lorsque j’ai commencé à donner mes cours de danse ouverts à tous, je me ...