Reflux
Datte: 22/06/2017,
Catégories:
nonéro,
... cris. Des cris qui deviennent des… Hurlements. Bruits de culasse. Taches rouges. Taches complètement rouges. Hurlements. Détonations. Plonge. Au matin il s’éveilla accablé, confus, un goût de chlore dans la bouche, le crâne encore résonnant de l’eau qui s’écoule. « La piscine, merde, j’ai vraiment envie d’aller à la piscine ». Il se sentait nerveux. À mesure que les heures passaient, son anxiété grandissait. Fragile, irritable. Des bouffées anxiogènes lui remontaient de l’estomac à la gorge comme des bulles de soda. La piscine, il devait trouver la piscine. Dans la fin de la matinée, il entra dans la grande ville, baissa sa capuche et fendit la foule. Traversa la cohue humaine qui se déplaçait en flux tendu. Des meutes. Il les touchait. Énergie. Il les frôlait. Dégoût, rejet. Même avec son drôle d’accoutrement, il paraissait comme eux, invisible. Les bouches de métro vomissaient des hordes, les portes automatiques des bus libéraient des régiments entiers. Puanteur. Effluves de chair entravée. Il faisait chaud. Chaud brûlant. Il transpirait dur sous ses lourds vêtements. Ses sandales frottaient le sol, son bâton dégageait discrètement la voie, arrachait, au contact des mollets, des petits cris aux femmes en tailleur, irritait, à toucher les talons, les messieurs en chemisette. Ça jurait. Lui aussi s’énervait. « Je t’emmerde. » Ça n’allait pas plus loin. Où qu’il tourne la tête, les tours lui offraient des perspectives qui lui étaient familières, qu’il avait forcément ...
... avisées un jour ou l’autre. Et puis, ces gigantesques enseignes lumineuses, ces écrans géants qui diffusaient des spots en boucle, ça ne venait pas de son imagination. Il venait d’ici. Aussi sûrement qu’il était un homme. Il demanda à plusieurs reprises le chemin vers la piscine. Mais les gens l’évitaient, esquivaient le dialogue, regardaient ailleurs. Alors, il n’eut d’autre solution que de se rabattre vers ceux qui lui ressemblaient le plus. Et qui trustaient une large grille d’aération. Des clochards. « Bande de dégénérés, songea-t-il en s’approchant. Je ne suis pas comme vous ». « La piscine, c’est par où ? » demanda Sam en évitant de trop les fixer. L’un d’eux lui demanda dans une diction affreusement lente de quelle piscine il parlait. « Tu prépares les Jeux olympiques ? » ajouta-t-il. Et ses copains se mirent à rigoler. « On te verra à la télé alors », dit un autre, barbu comme un yéti, en pointant du doigt la dizaine d’écrans plats qui pulsaient des programmes colorés derrière une vitrine de grandes dimensions. Sam réalisa qu’il était dans le quartier commercial. C’était déjà un indice. Mais ça ne lui servait pas à grand-chose. « Va falloir bosser un peu parce que tu m’as pas l’air au top », continua le premier avec ce débit soustranxene. « Charlot », ricana un autre. « Regarde-moi ce clodo », gueula un gars allongé sur le sol. Ça monta de loin, ça venait du ventre. Une bonne dose de tension, quelque chose d’extrêmement agressif qui ne pouvait être maîtrisé ; Sam leva son ...