Reflux
Datte: 22/06/2017,
Catégories:
nonéro,
... rares, sofa, table basse, chaise. Echoua dans sa chambre et s’écroula sur son lit. Quand il s’éveilla, la lumière filtrait par les persiennes et venait danser sur le plafond. « Une clarté de milieu de journée », regretta-t-il en se levant péniblement, la tête lourde de pensées anarchiques. Les noms avaient chahuté son sommeil. Ted K. Nelly W. Toujours pas de visages / Toujours pas d’explications. Juste des sensations. Désagréables. De la tristesse. En somme, beaucoup de tristesse, oui. Et puis, il avait l’estomac chahuté ; son alimentation, il en avait conscience, laissait à désirer. Ce rat, c’était vraiment dur à digérer. 14 h 34 indiquait le radio-réveil. Maintenant qu’il ouvrait les yeux sur ce qui avait été sa chambre durant de nombreuses années, les souvenirs passaient en lui comme le courant entre deux électrodes. Il avait été malheureux ici, mais d’une façon tempérée. Clinique. Tout était blanc. Toute cette chienne d’habitation. Les murs, les meubles, les persiennes. Blancs. Du plastique recouvrait ici et là quelques meubles dont il ne devait pas avoir une grande utilité. Dans la salle de bain, il s’observa un long moment. C’était la première fois depuis longtemps qu’il avait le loisir de se regarder. C’était un corps bien proportionné, que des heures d’efforts avaient sans doute affiné et durci. Toutefois, des traces diverses maculaient son torse lisse. Coupures, souillures. Pas un poil, en revanche, juste le contact un peu rêche de la repousse. Son crâne était ...
... rasé également, même si la légère repousse offrait désormais une teinte sombre. Il prit une douche, resta un long moment sous le jet brûlant. Se frictionna avec vigueur. Il y avait, accrochés au carrelage mural, des gants de toilette beiges. Ces ustensiles lui étaient familiers. Il frémit. Peur des chairs mortes. Des longs moments de douleur. Les gants sur sa peau. Qui lui faisaient du bien / Qui le détendaient. Maintenant, il les regardait avec dépit et incompréhension. À vrai dire, cette douche ne lui était pas particulièrement agréable. Il se sécha, avisa un jeu de rasoirs sur une petite étagère. Puis sortit. Dans la cuisine, il se fit couler un café. Ses idées se remettaient en place, mais l’anxiété demeurait. Ses mains tremblotaient. Il avança vers la fenêtre, entrouvrit les persiennes. La pluie avait cessé. À nouveau ce ciel blanc et brûlant qui faisait onduler le sol au-dehors. Son regard se perdit sur les gratte-ciels du quartier d’affaires. Avisa la tour noire. « C’est ça que je regardais tous les jours en buvant mon café ? » C’était triste à pleurer. Il avala quelques gâteaux. Puis fouilla dans les placards. Des costumes noirs et identiques s’alignaient parfaitement à côté de chemises impeccables. Cravates, ceintures, chaussettes, slips. Tout était remarquablement tenu et en ordre. Sur une étagère, quelques blouses blanches pliées et propres. Dans son bureau, il chercha des papiers. Tout était là, aussi parfaitement ordonné. Par année, par catégorie, en dossiers et ...