Reflux
Datte: 22/06/2017,
Catégories:
nonéro,
... ferme sur son bras. — Ça suffit, tu as assez bu. Puis une petite fille qui avait un œil très clair et prêt à sortir de son orbite s’approcha de Sam, une bouteille et un tissu douteux à la main. Soigne-toi, dit Kevo. Sam renifla le goulot, du Rhum peut-être. Il imbiba le tissu et frotta son front. La piqûre lui arracha un petit cri. Devant une glace sale fixée à un coin de la tente, il observa son visage amaigri et sale. Ses gestes étaient précis et l’odeur de fond de l’alcool pur le ramenait une fois encore à des images floues. Kevo lui retira la bouteille et le chiffon. Sam le remercia. Il y avait beaucoup de questions qu’il aurait souhaité poser, mais la fatigue était telle que sa soif maintenant éteinte, il ne songeait qu’à s’allonger. Ce qu’il fit sur l’un des lits de camp. Ferma les yeux. Qu’ils fassent de moi ce qu’ils veulent. Sombra dans un sommeil profond. Et rêva. Images claires qui entraient en tous sens. Salle blanche. Encore. Hommes en blouse blanche. Lumière blanche. Des médecins. Tout autour de lui qui le regardent. Lui aussi s’inspecte, lisse la toile bleue qui lui sert de vêtement. Les hommes hochent la tête. L’un d’eux dit : — Il est normal que vous soyez choqué. Il faut du temps, Sam. Toujours cette phrase à la con. On l’attache sur un lit. On lui fait avaler des pilules. L’eau, elle semble fraîche. Il a envie de hurler mais ça ne vient pas. À quoi bon ? À quoi cela pourrait-il bien servir de se débattre ? La pièce tourne, le rêve change. Murs blancs, ...
... encore. Odeur d’alcool et de liquide antiseptique. Il y a un homme de dos. Crâne lisse, parfaitement rasé. Blouse aussi immaculée que l’endroit. Il signe des papiers. Un peu partout, de l’équipement médical. Stéthoscope, balance, tire-langue en métal. Tensiomètre, marteau Babinski, thermomètre. Et encore d’autres, plein d’autres. Des produits en pagaille, des boîtes de médicaments alignées. L’homme semble immergé dans sa tâche. Il y a un miroir à sa gauche, il distingue son profil. L’homme se regarde et sourit méchamment. Ce visage. Merde, c’est moi. C’est moi. Il se réveilla en sursaut, trempé de sueur. Odeur aigre. Qui lui était familière. Transpiration de dépressif. À cela venait se greffer l’abject souffle de la décharge. La luminosité au-dehors avait faibli. Il avait dormi longtemps. Presque tout le jour. Et cette idée le rasséréna quelque peu, plus que le repos en lui-même. Dehors, dans l’obscurité, une lumière dansait à travers la toile. Maintenant, il avait faim. Pyramide du malheur. Il se leva, avisa deux lits occupés par des enfants. Sortit de la tente, découvrant un feu de camp autour duquel une poignée de gamins faisaient griller des brochettes. Relents acres, désagréables. Sam fit un signe, Kevo en retour lui proposa de se joindre à eux. Lui tendit une brochette. Sam remercia puis croqua dans un morceau de viande. Infect. Quelques poils de la bête avaient résisté à la cuisson. L’ensemble était moyennement cuit. Il recracha le bout à peine mâché. Kevo puis la troupe se ...