1. Pénétration illégale


    Datte: 09/04/2019, Catégories: fh, copains, amour, mélo, fantastiq, amourdram, regrets,

    ... de mes ongles. Quelque chose de malsain se dégage de cet étranger. Je ne saurais pas l’expliquer. En le regardant, je vois un puits noirâtre dans l’obscurité. Un vertige me saisit, je tente péniblement de me ressaisir, les coudes appuyés sur le comptoir. Je vois trouble. Les fantômes de mes échecs sentimentaux, Rafe, Wil, ils tourbillonnent dans mes pensées comme des boulets. J’ai mal au crâne, j’ai envie de dormir, de ne plus penser… Et l’homme me parle. Je ne le regarde plus, j’appuie mes paumes contre mes yeux pour ne plus deviner cette sombre présence qui m’asphyxie… Mais il me parle lentement, je ne peux pas ne plus écouter cette voix chuchotante qui semble entrer dans ma tête… — La femme qui a pris ces photos a eu du mal à admettre la vérité, elle aussi… Mais je lui ai dit ce qui l’attendait. Que les ombres qu’elle voyait finiraient par gagner, par l’engloutir… Je le vois parfaitement. Vous êtes maudite, tout comme elle… parfois, vous la sentez, cette sinistre présence, vous avez peur, n’est-ce pas… ? Je l’ai aperçue flottant en vous…— Je ne veux plus vous écouter… gémis-je en secouant la tête. Taisez-vous…— Jusqu’ici, vous n’aviez pas fait attention à elle… mais elle a tout bouffé dans votre vie, elle a pris le meilleur, vous le savez, n’est-ce pas ? Pourquoi pensez-vous qu’il vous arrive toutes ces merdes ?Elle commence à vous envahir, lentement… à prendre possession de vous… elle est ...
    ... en vous, vous ne la sentez pas ?… Parfois, au plus sombre de la nuit, elle vous réveille, pour que vous ne l’oubliiez pas… Vous n’êtes jamais vraiment seule, elle vous accompagne partout, vous isolant petit à petit de vos amis, de vos amours… assombrissant vos bonheurs, vos humeurs. Elle vous a choisie, depuis longtemps. Elle est là, tapie, je la distingue au fond de vos yeux…— Je… vous dites n’importe quoi ! Et… je peux m’en débarrasser ! L’homme rigole. Je secoue la tête pour ne plus entendre ce rire. — Vous ne pouvez pas vous en débarrasser. C’est trop tard. Mais je voulais juste vous avertir…— Vous êtes fou !— Peut-être… mais toi, t’es foutue.— Nooon ! hurlé-je, oubliant où je me trouve.— Ça va ma petite dame ? intervient le barman. Je décolle mes mains de mes yeux et le fixe sans le voir. — Hé ho ! Vous allez bien ?— Où est-il ? murmuré-je d’une voix cassée.— Qui ? s’étonne le barman.— L’homme qui était assis à côté de moi, à l’instant. Le barman me regarde d’un air soudain suspicieux. — Vous vous droguez ou quoi ? rétorque-t-il avec un rien de mépris. Je pressens la suite. — Pourquoi vous dites ça ? demandé-je lentement.— C’était pas un homme à côté de vous, mais une belle blonde. J’éclate de rire. Follement. Sans pouvoir m’arrêter… * Le temps a passé. Wil et moi ne nous voyons plus. Rafe ne m’a jamais pardonnée. Il s’est suicidé deux mois après. Parfois, je la vois. Toujours, je la sens. 
«12...78910»