1. Pénétration illégale


    Datte: 09/04/2019, Catégories: fh, copains, amour, mélo, fantastiq, amourdram, regrets,

    ... C’est bien la peine de rejeter un ami, par amitié, et d’en perdre un autre en s’offrant à lui, par amour. Dans le froid coupant de ce petit matin, je souffle dans mes mains, mon bonnet profondément enfoncé jusqu’aux oreilles. Et les pensées tournent dans ma tête comme des oiseaux en cage. En arrivant devant le café, je bute sur une porte close. Évidemment. Il est trop tôt. J’arrache un gros soupir de ma poitrine. En faisant demi-tour, je ressors machinalement mon téléphone. Pour la énième fois, je vérifie que je n’ai reçu aucun appel. Ah, si, pourtant. J’en ai eu un. J’écoute le message, tentant de maîtriser la faiblesse de mes jambes, qui ont du mal à me porter. Je jette un œil perplexe à mon écran. Je suis bien en ligne. Pourtant, je n’entends rien. Je réécoute le message. Rien du tout. Je regarde l’heure de l’appel. Trois heures du matin. Là, ça va trop loin pour moi. Je m’effondre sur une poubelle, et vomis. * Le café, entre mes mains tremblantes, refroidit lentement. Je le contemple d’un œil vide. Je ne sais pas trop ce qui m’arrive… mais une chose est sûre, je suis complètement perturbée. Soit « on » s’amuse à me faire peur. Ou « on » me fait une blague idiote. Ben le résultat est là. Bravo, bande d’abrutis. Ou qui que vous soyez. Je sirote l’amer breuvage, quand mes yeux fatigués tombent sur l’homme qui vient de s’accouder au comptoir. Je manque m’étouffer dans ma tasse, et me lève d’un bond. Je l’interpelle violemment : — Eh ! Vous ! Qu’est-ce que vous faites ici ? ...
    ... Vous me suivez ou quoi ? Il se tourne vers moi. Même regard perçant qu’hier soir, même sourire étrange. Ses cheveux bruns sont impeccablement coiffés, plaqués en arrière le long d’une raie rectiligne. Ses lunettes en écaille lui donnent un air suranné. — Asseyez-vous, répond-il simplement. Bêtement, je m’assois sur un tabouret, à côté de lui. Je ne le quitte pas des yeux. Il boit une gorgée de son café, puis me fixe à nouveau. Je me sens très mal à l’aise sous ce regard impénétrable mais pénétrant. — Qui êtes-vous ? murmuré-je.— Un ami.— De qui ? Son sourire s’élargit, mais l’homme ne répond rien. — Hier, vous m’avez dit que j’étais maudite… Vous êtes complètement fou. Il me dévisage toujours, et je détourne mon regard du sien. C’est comme si j’avais dû l’arracher d’une étreinte hypnotisante. Mon pouls s’est brusquement accéléré, et mes membres commencent à nouveau à devenir faibles. Comme insensible à mon émotion, toujours souriant, l’homme se penche, attrape sa mallette noire et la dépose sur le comptoir pour l’ouvrir. Il en sort quelques photos, qu’il me montre. Des bouts de paysages étranges, en noir et blanc. Mais en regardant ces décors parfois laids, parfois mal cadrés, je me sens terrorisée. Je me recule brusquement sur mon tabouret, comme si on m’avait piquée. Les yeux agrandis par la peur, je fixe l’homme avec nervosité. — Qui êtes-vous ? répété-je, la voix tremblante, cette fois. Il sourit toujours. J’ai envie de lui arracher ce sourire du visage en déchirant sa peau ...