1. En votre âme et conscience


    Datte: 24/08/2021, Catégories: nonéro, policier,

    ... déclaration du légiste. Ce n’était pas un meurtre mais un carnage. La réaction d’une bête sauvage. Ensuite, délaissant le cadavre du mari, il s’est retourné vers cette pauvre femme, qui ne doit son salut qu’à un miracle. Elle qui lutte encore à l’instant contre la mort. Elle qu’il aimait, mais elle qui l’a repoussé, il n’a pu le supporter. Mesdames et Messieurs, je vous réclame pour cet homme la peine maximale : trente ans de réclusion, incompressible. Que ce monstre ne sorte plus de sa geôle ! Le public applaudit, comme après la dernière représentation d’un comédien de génie, la dernière pièce d’un grand auteur. Ils ne se trouvaient plus au tribunal, mais dans un théâtre. Ou dans une arène, là où le toréro venait de placer ses banderilles, avant la mise à mort du taureau. Il ne restait plus qu’à attendre le résultat du verdict. Savoir si les deux oreilles et la queue lui seraient accordées. Mon avenir ne dépendait plus que de cette petite bonne femme frêle et timide, mon avocate, qui à la surprise générale ne s’était guère manifestée. N’intervenant que très peu dans les débats. Comme les aficionados continuaient d’applaudir l’avocat général, la présidente fit évacuer la salle. La plaidoirie de mon avocate fut remise au vendredi. — Courage, me dit-elle, gardez espoir. Facile à dire. Le vendredi matin, la salle était pleine comme un œuf. Après la plaidoirie de mon avocate, les jurés devaient rendre leur verdict. Qu’allait faire mon ectoplasmique avocate ? — Un peu de silence ...
    ... s’il vous plaît. À la demande de maître Brossard, et avec l’accord de monsieur l’avocat général, nous allons entendre de nouveau quelques témoins. Ce n’est pas la procédure habituelle, mais ce procès ne l’est guère.— Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les jurés, je voudrais tout d’abord vous faire entendre un enregistrement. Elle essayait de maîtriser les tremblements de sa voix. C’était sa première plaidoirie. — Cet enregistrement est le fruit d’un travail de recherche effectué par les gendarmes à la demande du juge d’instruction. Il n’a malheureusement pas été versé au dossier. Elle jeta un regard appuyé vers l’avocat général. Elle mit en marche un portable posé sur une station d’accueil. — C’était le dernier appel de Laurène ; elle appelait son meilleur ami, Michel Lambert. Il était 19 heures cinquante-sept le 28 septembre. Soit un quart d’heure avant le drame. Était-ce l’appel d’une femme à son meurtrier ? Barbichu se démenait sur son fauteuil. — Maintenant je voudrais rappeler madame Duvergoux. La petite vieille revint, cette fois moins fière que la première fois. — Madame, vous semblez bien connaître vos voisins ?— Euh, oui, répondit-elle d’une petite voix.— Entendiez-vous parfois vos voisins se disputer ?— Euh, oui, ça arrivait.— Même lorsqu’ils étaient seuls tous les deux ?— Oui, assez souvent.— Madame la Présidente, cette nouvelle audition des témoins est quelque peu mal venue. Barbichu se manifestait ; la tournure des événements lui déplaisait. — Laissez, ...
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