Ma vallée (1)
Datte: 22/11/2017,
Catégories:
Divers,
... de sa faute après tout. Je l’emmenais dans ma chambre. Je lui fis l’amour même si le cœur n’y était pas entièrement. Dans la cuisine, cela discutait. Mon père proposant que Véronika reste chez nous et mon patron de m’accorder un congé, sauf les jours de cours. Mais ça, on ne le sut que plus tard, ma douce et moi. Six mois, cela peut être long comme mille fois trop court quand on aime. Six mois, six mois à veiller sur elle jour et nuit, à l’écouter respirer et mourir à petit feu. Six mois à me rendre avec elle chez ce professeur, la voir dépérir quand nue, elle était auscultée devant moi. Six mois à tenter de retarder l’inévitable à coup de médicaments. Six mois à chercher comment devoir prendre congé d’elle. Elle était en bout de course, elle n’arrivait plus à se lever, s’assoir dans notre lit. J’étais son garde-malade, son cuisinier, je ne la quittais que pour me rendre à la salle de bain. Chaque seconde pouvait être la dernière. Aussi, présentant son départ, je l’habillais de sa belle robe de soirée et me couchais près d’elle. Nous nous sommes enlacé, embrassé tendrement et ce fut notre dernier baiser. Dans le salon, une bouteille de prune à la main, je me versais un grand verre quand mon père vint me rejoindre. D’une voix calme, posée, je lui dis que c’était fini. Je lui pris ses cigarettes et je sortis faire le tour du village à pied. Dans la menuiserie, je posais le cadenas à la caisse à outil de ma douce l’entourant d’un bout de tissu noir. Je fis un détour plutôt ...
... que de passer près de l’église, j’avais la haine contre ce curé croyant bien faire en prétendant que c’était la punition divine, pauvre cloche qui ne connait rien à l’amour. Je ne rentrais qu’au lever du jour. Mon père, suivant les dernières dispositions de Véronika avec commencer à les mettre en action. Je me posais près de ma douce, baisant son front froid. Je restais près d’elle. Voyant la caisse à outil de Véronika, mon patron et tous les collègues sont venus à la maison, lui rendre un hommage appuyé. Dans la menuiserie, avec mes collègues, nous lui avons fait son cercueil, en arole, tapissé de satin blanc. Oh, il ne fallait que l’assemblé, nous avions déjà fait le plus gros. Dans ma chambre, avec une de mes tantes, ma mère lui donnait un dernier coup de lavette, un maquillage léger. On la déposa dans son cercueil sans le refermer. Je veillais son corps si maigre jusqu’au jour de l’enterrement. C’est un autre curé qui vint dire les derniers mots. Il ne parla pas de punition divine, il n’aurait pas fallu. Il se montra bien plus compatissant que son confrère, ce crétin. Dans son trou, je suis descendu, j’ouvrais le cercueil, l’embrassais une dernière fois en déposant une rose blanche, sa préférées. Sur le bord, je craquais. Je terminais mon apprentissage, seul sur les chantiers, je ne voulais personne que le souvenir de ma douce Véronika. Sur sa tombe, je plantais un rosier blanc. Je venais chaque semaine, si ce n’est pas tous les jours. C’est sur sa tombe que je vins lui ...