1. Mon patron, cet abruti (7 / 7)


    Datte: 04/12/2017, Catégories: ff, Collègues / Travail

    ... d’avoir l’air sévère.— Tu la veux ? dit-il en faisant sauter le fruit dans sa paume. La pomme glisse, et François tente de la rattraper, mais elle fait un bond stupide, atterrit dans les gravillons et roule entre mes pieds. — Oups ! s’exclame-t-il en se baissant. C’est au moment où il ramasse le fruit en collant le nez sur mes genoux que je me demande tout à coup s’il ne le fait pas exprès, d’être si maladroit ! D’autant qu’il tâtonne vaguement pour la retrouver pendant que ses yeux escaladent ses verres de lunettes pour s’engouffrer sous ma jupe ! — Tu la trouverais plus facilement en regardant vers le bas, fais-je ironiquement. Il se relève en bafouillant quelque chose, puis regarde la pomme dans laquelle plusieurs petits cailloux se sont plantés. — Zut ! Elle est foutue… marmonne-t-il.— Tu voulais me l’offrir ?— Ben… heu… oui, mais bon…— C’est l’intention qui compte, dis-je en riant. Je le prends par le bras et l’entraîne vers la maison. — Les autres vont se demander ce qu’on fait. Il vaut mieux les rejoindre. Les mauvaises réputations courent vite. Nous arrivons sous la véranda alors que la danse des canards se termine - j’y aurai échappé ! - et que démarre un slow crapuleux. — Heu… tu… tu danses ? me propose François en posant la pomme sur un muret.— Avec plaisir, dis-je témérairement. Je me promets de faire vachement gaffe à mes orteils, mais mon cavalier reste prudemment à distance, sans trop remuer les pieds, les mains à ma taille et les yeux perdus quelque part ...
    ... dans ses bésicles. Nous évoluons lentement, et je me fais l’effet de tourner autour d’un poteau d’éclairage, au milieu des autres couples. Pour tenter quelque chose, je lève les mains, et mes doigts saisissent les lunettes de François pour les lui enlever. — Tu ne vois rien, sans lunettes ? Je vois cligner ses yeux bleu pâle. — Si, si, je vois très bien… J’ai la surprise de sentir ses mains glisser dans mes reins et de voir son visage se rapprocher du mien. — … mais jusqu’à vingt centimètres environ, poursuit-il. Au-delà, c’est flou.— Alors, comme tu es là, tu me vois bien ?— Très bien.— Et… et que penses-tu de ce que tu vois ?— Heu… eh bien… Il cesse de parler, car je me suis serrée tout contre lui. — Oui ? dis-je dans un souffle.— C’est… c’est aussi terrible que… que ce que je sens ! bégaye-t-il en roulant des yeux. Je ne puis m’empêcher d’éclater de rire en m’écartant légèrement, et je lève les mains et lui remets ses lunettes sur le nez. — François, t’es génial !— Tu… tu crois ?— Mais tu danses comme un manche !— Ah ! oui… c’est vrai. Je manque d’exercice, mais je veux bien apprendre, hein ! Je me demande s’il est vraiment sérieux. Ce mec est insaisissable, passant en un instant du style grand dadais au genre pince-sans-rire ! Il doit y avoir dans tout ça une part de comédie que je me promets de découvrir. — Marielle… je peux te poser une question ? Je lève les yeux et le fixe, très sérieuse. — Tu as droit à une seule question, alors choisis-la bien. Il hoche la tête et ...