1. Mon patron, cet abruti (7 / 7)


    Datte: 04/12/2017, Catégories: ff, Collègues / Travail

    ... sourit, puis je le vois qui se concentre sur ce qu’il se prépare à dire, alors que nous continuons à danser très lentement. — Voilà ma question, annonce-t-il. Pourquoi as-tu glissé un soutien-gorge dans mes bouquins ? J’encaisse en essayant de ne pas broncher, mais mon visage doit se colorer. Heureusement qu’il fait sombre ! Je relève néanmoins qu’il a dit « un soutien-gorge » et pas « ton soutien-gorge », ce qui dénote un certain tact. — Heu…— Tu n’as droit qu’à une seule réponse, précise-t-il rapidement, ajoutant à mon embarras.— OK, dis-je. Une seule réponse. Je réfléchis un instant, puis m’approche de lui pour lui chuchoter à l’oreille le fruit de ma brève cogitation. — Je te le dirai le jour où tu viendras chez moi me le rapporter. C’est à son tour d’encaisser ! Il se ressaisit pourtant assez rapidement, hoche la tête et sourit. Le slow s’achève à ce moment, et je m’échappe en douceur, car j’ai aperçu Cheryl qui nous regardait, debout près du buffet boissons. — Excuse-moi un moment, dis-je à François. Je m’approche de mon amie, et vois qu’elle tient à la main un verre à moitié vide. — Ça va ?— Oh ! Oui… fait-elle d’une voix lasse. T’en fais pas ! Elle doit avoir pas mal picolé. Moi-même, je ne me sens pas très fraîche. — T’es sûre ?— Mais oui, va ! Mais je vois bien que ça ne va pas. Je pense à ma danse avec François, à mon attitude qui n’a pas dû lui échapper.« J’ai gaffé », me dis-je avec angoisse. — Cheryl, commencé-je timidement, ne crois pas que…— Je ne crois rien ...
    ... ! coupe-t-elle. Pourquoi te tracasses-tu pour moi ?— Mais… tu es mon amie, et je… ça m’inquiète de te voir comme ça.— Comme ça ? Elle me regarde, l’air étonné d’abord, puis se met à rire, un petit rire forcé. — Qu’ai-je donc d’étrange ou d’inquiétant ? J’ai juste la tête d’une femme qui a trop bu, c’est tout.— Tu veux qu’on rentre ?— Pourquoi ? Tu peux rester, si tu t’amuses !— Cheryl ! Ma voix s’est faite plaintive. Je n’aime pas voir mon amie dans cet état, mais je suis occupée à penser que c’est de ma faute, parce que je lui ai donné de faux espoirs, parce que je l’ai prise dans mes bras, dans mon lit, et que nous nous sommes serrées nues l’une contre l’autre dans un grand élan de tendresse complice, et que tout est déjà si loin. Comment ai-je pu faire ça ? Je n’éprouve aucune honte ni regret, je l’ai fait parce que j’en avais envie, et elle aussi ; mais j’aurais dû réfléchir aux conséquences, aux espoirs que je lui donnais. Pourquoi n’ai-je pas tenu compte des avertissements de Poppy ? — Je sais à quoi tu penses… murmure Cheryl. Je sursaute, parce que ces quelques mots me rappellent à la réalité alors que je restais silencieuse à regarder le bout de mes pieds. L’eurasienne est tout près de moi, sa main me serre le bras. — Tu penses que je suis jalouse, que je suis lesbienne, et tout ça. Je me trompe ? J’ose à peine la regarder, tant je suis gênée. — Marielle… Si tu avais vécu ce que j’ai vécu, tu penserais différemment. Toi aussi, tu te méfierais des hommes, tu hésiterais ...