Bohémienne (2)
Datte: 03/05/2018,
Catégories:
Erotique,
... désolé de se comporter de la sorte. Lorsque l’ultime plaisir arriva, Lucien tenta de se retenir pour le faire encore un peu ; mais impossible d’arrêter à présent, et il donna quelques ultimes coups de hanches en s’enfonçant le plus loin possible dans la chair de sa maîtresse, en espérant que, peut-être, ils aient un petit d’ici neuf mois. Le couple parvint à faire l’amour une seconde fois, après cependant plus d’une heure à rester se câliner et partager des caresses. Lucien se répétait qu’elle allait lui manquer, et avait à la fois de l’envie et de la pitié pour elle qui ne comprenait pas du tout ce qu’il pouvait arriver. Commençant à être épuisé à cause de l’angoisse et de ses deux rapports, Lucien manqua plusieurs fois de s’endormir dans les bras de la Bohémienne qui le réveillait par des caresses sur le visage, des baisers ou des sons de sa voix. Il n’avait plus envie de la quitter ; et s’il restait là, avec elle ? Cette pensée, qu’il appréciait particulièrement, ne tint que quelques secondes : ses parents, en ne le voyant pas rentrer, allaient s’inquiéter, préviendraient la gendarmerie, et cela pouvait se retourner contre le groupe de voyageurs ; le jeune homme ne voulait pas voir leurs maigres bien saccagés et des personnes battues à cause de lui. Après un regard d’une infinie tendresse mêlée à ce regret de ne pouvoir rester plus longtemps, échangé avec la jeune fille, une dernière caresse et un baiser langoureux qui dura longtemps, Lucien se rhabilla et sortit de la ...
... roulotte pour retourner à la maison, sans se retourner : le faire aurait provoqué sa désertion. Lucien se réveilla subitement, suite à un cauchemar, le lendemain matin. Il voyait par la fenêtre percer les premières lueurs du jour. Une poignée d’heures seulement le séparait du train, maintenant. Il ne voulait pas y aller, il était prêt à tout pour éviter l’uniforme. Rapidement, sa décision fut prise. Il y avait vaguement réfléchi mais c’était la solution la plus juste, la plus proche de lui, la plus sensée que puisse avoir un être humain : il se cacherait au milieu des Bohémiens ; personne n’irait le chercher parmi eux qui ne parlaient pas français. S’habillant à toute vitesse, prenant sa valise préparée la veille en prévision de la caserne, il quitta la maison sans faire de bruit et fonça vers le terrain vague. Il allait rejoindre sa bien-aimée et allait vivre avec elle sur les routes de France, d’Italie, d’Espagne, de Suisse, sans se préoccuper du reste du monde, voyager dans des contrées lointaines et fantastiques ; il allait vivre en poète, une vie rêvée. Il apprendrait la langue de ce groupe, il aurait des enfants, il vivrait heureux en laissant Français et Allemands s’entretuer pour une raison dont il n’avait rien à faire. En arrivant au terrain vague, il s’arrêta net, paralysé, effrayé. Tout se gela en lui. Son corps semblait arrêté : le cœur, l’estomac, les muscles… Il n’en croyait pas ses yeux. Ils étaient partis. Il n’y avait plus personne, plus rien. Le poteau auquel ...